Les Etats-Unis paraissent avoir une nouvelle vision de l'Algérie. C'est ce que l'on est tenté de penser après la réunion, mercredi dernier, de la commission des affaires étrangères à la Chambre des représentants. Abordant le thème des réformes politiques dans le monde arabe, les cinquante membres de ladite commission, présidée par Henry J. Hyde, ont examiné la situation de quatre pays, à savoir l'Algérie, l'Arabie Saoudite, l'Egypte et la Syrie. La surprise vient, en effet, de l'Algérie qui réintègre le club des pays liberticides, malgré une appréciation plutôt positive de Washington après l'élection présidentielle du 8 avril 2004. « Le monde arabe se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins. Il est confronté à des déficits fondamentaux en matière de libertés, de savoir et de droits politiques des femmes, des déficits qui restent en contradiction avec les réalisations du monde arabe à travers l'histoire », note le communiqué de la Chambre des représentants. Il ajoute que des « restrictions politiques » se dressent pour empêcher « une renaissance arabe ». Représentant les parties est et ouest du monde arabe, les quatre pays ont été choisis pour des raisons différentes, mais ils se rejoignent sur un seul aspect : ils ont la particularité d'influencer cette partie du monde, que se soit de manière positive ou négative. S'exprimant, jeudi dernier, sur la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera, le porte-parole du Congrès américain a indiqué que l'intégration de l'Algérie au quatuor obéissait au fait qu'elle fait « un pas en avant et un autre en arrière ». Que s'est-il passé depuis le 8 avril ? Le maintien de l'état d'urgence, l'empêchement de toute manifestation publique, alors que le terrorisme a été en grande partie défait, le harcèlement contre la presse paraissent être derrière la volte-face américaine. L'Egypte a, quant à elle, été citée en raison du nombre de sa population et sa proximité avec Israël, l'Arabie Saoudite pour l'absence des droits des femmes et la Syrie du fait de son régime dictatorial à l'état pur. Toutefois, nombre d'observateurs remettent en cause les critères pris en ligne de compte par les ONG américaines, notamment Freedom House, dont les rapports sont pris sérieusement en considération par le Congrès et l'Administration américaine. Le chef du gouvernement algérien, Ahmed Ouyahia, a, lors de la présentation du bilan annuel du gouvernement qu'il dirige, critiqué la politique de deux poids deux mesures de certaines ONG internationales qui accordent de bonnes notes à des pays moins avancés que l'Algérie en matière de démocratie. La séance de jeudi de la Chambre des représentants a été marquée par l'audition de témoins de chaque pays. Pour l'Algérie, Azzedine Layachi, professeur en sciences politiques à l'université St. John's de New York, a axé son intervention de cinq minutes sur la crise politique et sécuritaire durant la décennie écoulée. Une situation qui s'est répercutée sur l'état des libertés et de la démocratie en Algérie, mais que le pays sort progressivement de cette situation. Les intervenants se sont montrés favorables à l'implication dans le jeu politique des partis islamistes qui rejettent la violence et acceptent l'alternance au pouvoir. A ce sujet, des membres de la Chambre des représentants ont fustigé les mouvements islamistes radicaux, hostiles à l'Amérique. Si les Etats-Unis affirment vouloir soutenir la libéralisation politique et économique dans le monde arabe, ils entendent continuer à soutenir les partis islamistes qui se démarquent de la violence. Des médias américains ont récemment rapporté que Washington poursuit une « guerre diplomatique » consistant à financer des médias et des instituts arabes qui promeuvent un Islam soft.