Comme chaque année, à l'université de Bab Ezzouar (USTHB), un dispositif spécial est mis en place pour accueillir les étudiants. Tôt dans la matinée, les futurs inscrits sont orientés vers un grand amphi pour une conférence. Le but : expliquer les différentes étapes de la journée. Première mission : se diriger vers les amphis K et L et récupérer les fiches de possibilités. Précieux document où figurent les codes des filières. Les bacheliers pourront s'y inscrire selon leur moyenne. Ils pourront ainsi remplir leurs fiches de vœux. C'est seulement après qu'ils seront autorisés à franchir la seconde étape : le dépôt de ces fiches. Pas si facile ! Entre la zone des fiches de possibilités et celle du dépôt des fiches de vœux se dresse un barrage. Une dizaine de tables, bien alignées. D'un côté, le personnel de l'université habilité à renseigner les bacheliers. De l'autre, les bacheliers. Passage obligé. Ils devront d'abord écouter les conseils de ce personnel mobilisé spécialement, et parfois même rappelé des congés, pour éviter de prendre de mauvaises décisions. « Ils disposent de dix vœux et en général, ils font des choix irréalisables, alors ils se retrouvent sans rien et ils viennent pleurer et supplier pour une inscription », estime M. Touabet, vice-recteur. Il faut, selon lui, à tout prix raisonner ces jeunes qui sont attirés par « des filières culturellement prestigieuses », comme la médecine ou la pharmacie, mais ces branches ne peuvent accueillir tout le monde. Le conseil donné est de conserver certains choix qui leur tiennent à cœur, tout en réservant des cases à des « possibilités réalisables ». Sinon pas d'inscription ! Dans le meilleur des cas, l'ordinateur décide pour eux et les oriente à Tlemcen ou ailleurs faire des études qu'ils n'auraient jamais choisies, même pas en vingtième position. Seulement voilà, parfois les futurs étudiants « s'accrochent », selon le conseiller du recteur de l'USTHB, M. Hamouli : « Ils déposent en toute connaissance de cause des fiches où figurent des codes auxquels ils n'ont pas le droit mais persistent et signent. » « Inutile de ruser », lance une jeune fille au guichet des préinscriptions en sciences de la vie. « Je suis obligée de les renvoyer. » L'entêtement ne sert à rien. Il ne suffit pas de franchir la dernière étape pour repartir avec une préinscription. Tous ceux qui ne respectent pas les consignes devront remplir à nouveau une fiche de vœux avec des codes qui correspondent à la fiche de possibilités. Les moyennes minimum pour accéder aux filières sont fixées approximativement deux mois avant le bac. Or personne ne peut évaluer les moyennes à l'avance. Après les résultats, c'est l'ordinateur qui fait le tri. S'il n'y a que 1000 places pour la fac de médecine et que plus de 1000 bacheliers ayant choisi cette filière médicale ont la moyenne requise, l'ordinateur place automatiquement la barre plus haut. Pour les autres, c'est le deuxième ou troisième choix qui est pris en compte. M. Khraïfia, responsable au ministère de l'Enseignement supérieur, se veut rassurant. Selon lui, l'an dernier, 30 % des futurs étudiants ont vu leur premier choix se réaliser, 50 % le troisième choix et 80 % le cinquième choix. « Rares sont les personnes qui se retrouvent parachutées dans des filières qu'elles n'ont jamais souhaitées », dit-il. « De toute façon, il y a toujours la possibilité de faire un recours », précise-t-il. La période des recours est fixée entre le 23 et le 31 août 2004.