Sidi Lakhdar Benkhlouf aura été le symbole de la 4e édition du festival du chant religieux (m'dih) organisé à Oran entre les 20 et 22 avril à la salle Es-Saâda (ex-le Calisée) par l'association En Nahda. Celle-ci lui a d'ailleurs consacré une conférence, suivie d'un débat, animée jeudi denier par M. Guellil au cercle de l'association situé à la rue Khemisti. La 3e édition du même festival remonte à l'année 1992. L'écart est immense, mais le retour sur la scène de l'activité culturelle a été marqué par la présence jeudi du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, venu encourager l'association et les troupes participantes, mais aussi représenter en quelque sorte l'effort fourni par l'entreprise pétrolière Sonatrach, principal sponsor ayant contribué à la remise sur pied de l'association. En Nahda est la doyenne des organisations qui se sont spécialisées dans le patrimoine musical traditionnel maghrébin d'origine andalouse. Elle a été fondée en 1964, lorsque Abderrahmane Sekkal a eu l'idée de réunir à Oran les mélomanes originaire de Tlemcen qui pratiquaient encore cette musique. C'est bien par la suite que d'autres ensembles héritiers tels El Mansourah ou Nassim El Andalous ont vu le jour. La soirée du mercredi a été entamée par une belle prestation de la troupe folklorique Aïssaoua de Mostaganem et son rythme envoûtant, caractéristique, inspiré des pratiques mystiques répandues au Maghreb. C'est déjà un clin d'œil au poète populaire originaire de la région de Dahra. De la même ville, l'association El Fen Oua Nachat, que dirige Mahfoud Boukhalfa depuis 1984, a eu son mot à dire avec son style proche de l'école dite d'Alger. Le genre m'dih interprété par l'ensemble porte le titre générique de Tbouchir à Mostaganem, selon M. Boukhalfa. Plus proche d'Alger, El Widadia de Blida a interprété un répertoire varié dont Raml El Maya. La clôture a été assurée par l'orchestre recomposé d'En-Nahda qui a justement entamé sa prestation avec un long poème (qsida) liturgique d'une cinquantaine de vers du vénérable cheikh et intitulé Besm Ellah bdit en'zemem. Au-delà de la légende, Sidi Lakhdar Benkhlouf est considéré comme le premier poète et donc fondateur du m'dih au Maghreb. Il était contemporain (pour le Maroc) de Abdelaziz El Maghraoui et à qui on attribue une même appartenance tribale (maghraoua). Ayant vécu au XVIe siècle, on lui accorde, pour l'avoir décrite, une participation active à la bataille de Mazagrane (1558) menée contre l'occupant espagnol. Il devait être alors âgé entre 40 et 50 ans, selon ce qui est rapporté dans la conférence. Au-delà de 50 ans et « jusqu'à sa mort (qu'on situe sans preuve à 70 ans plus tard), il n'a fait que rendre gloire à Dieu et louer son prophète », atteste-t-on à son sujet. Avec lui, En-Nahda qui s'est éclipsée de la scène artistique pendant un bon bout de temps a fait un retour appréciable. Ses éléments ont repris, pour la célébration de la naissance du Prophète, Ya wassaâ lamkhazen, Aya nâawlou et même Talâa lbadrou âlayna, mais avec un air musical local. Lakhdar Benkhelouf a été également au programme de l'association bélabésienne Andaloussia qui a ouvert le bal jeudi. Cette deuxième soirée a enregistré la défection de l'ensemble Fekhardjia d'Alger. Elle a été remplacée par la troupe Aïssaoua, revenue une seconde fois mettre un peu de rythme dans les cœurs d'un public qui a afflué en masse. El Mansourah, un autre ensemble d'Oran a clôturé la soirée qui a duré jusqu'à une heure tardive de la nuit. Le lendemain vendredi le flambeau devait être passé à Gharnata de Tlemcen ainsi qu'à Nassim El Andalous d'Oran pour une clôture annoncée en apothéose.