Les passagers inscrits sur la traversée Marseille-Béjaïa prévue initialement pour le 8 avril ont eu la désagréable surprise, une fois parvenus à l'enregistrement, de se voir signifier un report du voyage. Dans un communiqué qui leur est remis individuellement, l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) en explique courtoisement la cause : une avarie sur le car ferry affrété, Le Fantasia. Ils avaient donc à se représenter pour embarquement sur le Millenum Express, le 10 avril à 8 heures. Une indemnité de compensation de 40 euros jour et par personne a été versée par la compagnie. Les passagers véhiculés ont préféré rester dans l'enceinte portuaire pour sécuriser leurs voitures pour la plupart chargées de bagages. Bien qu'organisés pour parer à tout fâcheux événement, leur vigilance n'a pas suffi pour déjouer des « vols avérés ». C'est le cas de cette dame qui affirme s'être fait subtiliser son sac contenant 3000 euros en liquide. Crises de stress, hypertension, hypoglycémies... ont empli l'attente. « Livrés à eux-mêmes », les malheureux voyageurs se sont pris en charge « tous seuls » pour faire venir SAMU et sapeurs pompiers. C'est dans ce climat de tension qu'arrive enfin le jour J du « rapatriement ». Dès les premières heures du matin, les voyageurs se présentent pour accomplir les formalités de passage. Mais vers 11 heures encore, aucun navire n'est en vue. Les esprits commencent alors à chauffer. La circulation est carrément bloquée à l'entrée du port. Un comité prend forme et alerte des médias français, en l'occurrence FR3. Les agents de la SNCM, représentant les intérêts de l'ENTMV à Marseille, demandent alors aux passagers d'entrer dans la zone d'embarquement. Ceux-ci préférant « éviter une éventuelle intervention des forces de l'ordre » acquiescent. La CNAN prend le relais pour l'enregistrement, ce qui a pour effet immédiat d'apaiser les esprits. Mais on n'est pas au bout de la surprise. « Un supplément de 10 euros par voiture et par passager nous est exigé », nous apprend un passager qui nous exhibe une fiche de modification cachetée « CNAN Group, agence Passages Marseille », pour preuve du payement. Un reçu que d'autres déclarent n'avoir même pas eu, alors que s'étant acquitté de ladite somme. 18 heures, c'est toujours l'attente, la faim et la lassitude s'emparent des voyageurs. Les autorités portuaires font appel à la Croix-Rouge qui prendra en charge les bébés et servira de l'eau et des boissons chaudes. L'attente subit une rallonge. Il était dit que les passagers passeraient la nuit dans la salle d'embarquement ou à l'intérieur des véhicules sur les quais. Ce n'est qu'à 6 heures du matin, le 11 avril que l'embarquement sur le Millenum Express mettra fin à la mésaventure. Le navire appareillera enfin à 7h30 locales. A bord, un maximum de savoir-faire sera déployé par l'équipage pour offrir une traversée très chaleureuse. Dans ce climat de compassion, les passagers signent une pétition qu'ils remettent au commissaire de bord, et où ils dénoncent le supplément « empoché sur quai ». Un agissement « qui ternit l'image de la CNAN », écrivent-ils.