Un colloque international sur la vie et l'œuvre du défunt Abdelkader Alloula sera organisé les 2 et 3 mai à Oran. La fondation qui porte le nom de l'homme de théâtre assassiné le 10 mars 1994, a invité, à l'occasion, des universitaires, critiques et spécialistes du 4e art pour disserter sur l'œuvre et la dimension universelle des créations artistiques de Alloula, artiste ayant illuminé, deux décennies durant, les planches algériennes. « Il nous paraît urgent de fertiliser les héritages allouliens, d'en être les passeurs pour demain, de nous approprier par la connaissance et le plaisir une grande œuvre, polymorphe autant par le contenu que par la forme », précisent les organisateurs dans leur appel à communication. Pour eux, « le temps est venu de coupler les cérémonies émotionnelles avec l'investigation et les débats intellectuels et la promotion publique de la vie et de l'œuvre de Alloula. » A une semaine avant le jour J, l'essentiel du programme est fignolé et la liste des participants sur le point d'être ficelée. De bonne source, on souligne que, parmi les invités, figureraient des Français, des Egyptiens, un Tunisien, en plus des nationaux vivant ici ou ailleurs. Sous le thème générique de « Comment lire le théâtre de Alloula ? », le colloque international s'articulera sur trois volets essentiels : « Alloula, une vie d'artiste et de citoyen », « Séquences historiques et production théâtrale » et « Gros plan sur l'œuvre alloulienne. » Le fabuleux travail accompli sur le plan de la langue théâtrale, de la mise en scène et de la narration a représenté l'une des étapes les plus marquantes pour le 4e art national. Alloula, dans sa perpétuelle quête, ambitionnait de réhabiliter des formes d'expression ancestrales et séculaires, comme « El halqa » et « Le goual », deux « instruments du spectacle traditionnel » qui se basent exclusivement sur le dire où le verbe joue un rôle dynamique. Avec Alloula, s'est opérée la rupture avec le mode aristotélicien qui a longtemps prédominé la production dramatique nationale. De « El khobza » jusqu'à « Lithem », la dernière partie de sa trilogie, cette œuvre constitue un champ d'investigations et de recherches qui attend d'être « disséqué » et étudié avec toute la rigueur et l'objectivité scientifiques qui caractérisent ce genre d'approches. Avec ce colloque, un vibrant hommage sera rendu au défenseur des valeurs humanistes, des libertés intellectuelle et artistique, à l'artiste prolifique et au porte-voix des humbles et de tous les « Djelloul Lefhaïmi » du monde.