Les constructions illicites sont devenues une véritable plaie saignante en Algérie. Des villes entières ont surgi sur des terres agricoles dans la plupart des cas sans aucune existence juridique légale. Des vraies fausses décisions d'attribution de terrains à bâtir et des vrais faux permis de construire circulent sous le manteau parfois d'élus locaux impliqués dans un trafic foncier et immobilier à grande échelle. Les scandales du foncier, dont la presse s'est faite l'écho ces derniers jours et qui ont pour théâtre les deux APC-martyres de la mafia du foncier de la capitale que sont El Achour et Birkhadem dans la banlieue d'Alger, sont loin d'être des cas isolés. N'était le courage de certains élus qui ont pris sur eux le risque grave d'affronter une mafia qui a bâti sa force sur des protections et des relations d'intérêts qu'elle pensait sûres, éternelles et suffisamment puissantes pour ne pas être inquiétée, le massacre de nos villes et villages aurait continué en toute impunité. Cet engagement de certains élus ressemble au combat de Don Quichotte dans la mesure où il n'est pas relayé et soutenu avec force par le pouvoir central. L'opération de démolition de quelques bâtisses passées au bulldozer dans certaines communes d'Alger a valeur beaucoup plus d'exemple qu'autre chose. Entre l'engagement de l'Etat de mettre fin à l'anarchie qui règne dans ce secteur en appliquant la loi dans toute sa rigueur et les retombées sociales d'une opération d'assainissement, forcément impopulaire tant il est difficile de situer la part des responsabilités entre le citoyen honnête dont on a abusé de la bonne foi et qui s'est saigné à mort pour acquérir un terrain et les barons du foncier, existe-t-il une solution médiane ? La solution la plus facile, la moins coûteuse politiquement parlant mais la plus dangereuse, c'est de décider d'effacer l'ardoise, de régulariser les contrevenants pour s'inscrire dans l'air du temps de l'amnistie générale. Quelle que soit la solution définitive qui sera trouvée à ce phénomène, l'Etat a le devoir d'exiger des comptes et de prendre des sanctions exemplaires à l'encontre de ses agents à tous les niveaux de responsabilités. Derrière chaque construction illicite, dans certains cas, régularisée par la magie de la corruption, en violation des lois grâce à des complicités au niveau des services de l'urbanisme, des Apc et des autres structures intervenant en amont et en aval du foncier, se cachent des réseaux d'intérêts et d'influence tout aussi dangereux et nuisibles pour la société et la crédibilité de l'Etat. La mafia du foncier n'est que la partie visible de l'iceberg.