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Silence, on (dé)tourne !
Annaba
Publié dans La Tribune le 19 - 09 - 2009

De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
La décennie noire, qu'a traversée l'Algérie et qui avait failli mettre à genoux tout un pays, a été pour certains «planqués» l'occasion idéale d'amasser des fortunes en profitant de la déliquescence des services de l'Etat mobilisés pour combattre la bête immonde du terrorisme. Pendant que les services de sécurité et tous ceux qui aiment ce pays consentaient d'immenses sacrifices, des bandits en col blanc avaient occupé des postes importants et s'octroyaient des biens de l'Etat avec la complicité passive d'une administration frappée de léthargie. Une nouvelle race de prédateurs, de trafiquants et de flibustiers a tout accaparé, usant de corruption, d'influence, de menaces, de passe-droits et autres moyens pour piller le pays. Tout y passa : terres agricoles, biens immeubles, foncier industriel, nominations abusives consacrant la médiocrité, passations de marchés sans respect aucun pour la réglementation en vigueur et autres abus.
Annaba , 4e ville du pays, pôle universitaire industriel, touristique et commercial important, n'a pas échappé au phénomène et a subi un pillage en règle qui l'a -en l'espace de quelques années- dépouillée de ses meilleurs atouts. La plaine avec ses cultures, les zones dites industrielles, les biens immobiliers situés au centre-ville et autres espaces ont subi le diktat de ces magouilleurs en tous genres pour être détournés de leurs vocations premières et servir de lieux de stockage de marchandises diverses, de fonds de commerce, pour les foires dites économiques ou encore d'ateliers de maintenance et de réparation. Le cas de la Tabacoop d'Annaba est édifiant et renseigne sur l'ampleur de ce trafic qui s'étale aujourd'hui au grand jour. Fondée, en 1921, par trois colons français et un grand propriétaire musulman, Mihoub Benyacoub, cette coopérative avait en quelque sorte structuré et discipliné la production de tabac dans toute la région d'Annaba, avait acquis et construit des hangars et des dépendances situés un peu partout dans la plaine fertile d'Annaba, d'El Tarf, de Dréan et de Bouhadjar. Après l'indépendance, la gestion et l'administration de ces biens étaient revenues à la Coopérative régionale spécialisée dans les cultures industrielles (CARSCI) qui avait pris la situation en main. La gestion se faisait cahin-caha, accumulant déficit sur déficit, puis on pensa à louer ces biens à des particuliers. De la location, on est très vite passé à la sous-location. La Tabacoop, située à Sidi Brahim, à la pénétrante est de la ville d'Annaba, un ensemble de bâtisses s'étendant sur des milliers de mètres carrés, est aujourd'hui détournée de sa vocation première. Des services après-vente de concessionnaires y sont installés, des ateliers de mécanique et de réparation de véhicules, des magasins, des hangars de stockage de marchandises diverses, produits alimentaires, articles électroménagers, pièces détachées et autres vins et boissons alcoolisées. Les agriculteurs adhérents à la coopérative, reviennent chaque année à la charge pour demander le bilan et les comptes de gestion de la CARSCI, responsable de ces biens mais leurs doléances se heurtent à chaque fois au refus de la direction. Une plainte avait été introduite auprès de la justice et une commission composée de cinq membres adhérents à la coopérative a été désignée pour suivre le dossier. L'affaire est toujours en justice et, pendant ce temps, tous les biens de la coopérative aussi bien à El Tarf qu'à Annaba sont exploités par des particuliers.
Les exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC et EAI) sont, elles aussi, le domaine de prédilection des trafiquants qui se sont approprié de façon illicite des terres fertiles qu'ils ont transformées en lotissements pour construire des logements, mettant devant le fait accompli une administration qui n'a réagi qu'après coup. Au départ, ces terrains agricoles avaient été cédés dans le cadre du dispositif légal d'usufruit à des ouvriers agricoles des anciens domaines autogérés pour être exploités. Mais ces derniers ne pouvant ou ne voulant plus les cultiver, les avaient sous-loués ou avaient cédé leurs droits au profit de particuliers qui avaient saisi l'occasion avec la complicité de notaires véreux. Ainsi, sur les 555 EAC et EAI que compte la wilaya de Annaba, 469 ont fait l'objet d'enquêtes menées par la Gendarmerie nationale. La Direction des services agricoles a déclenché à son tour d'autres enquêtes et convoqué des bénéficiaires pour qu'ils s'expliquent sur les dépassements constatés. Ainsi, il est apparu que plusieurs EAC comme celles d'El Bouni, de Chorfa, de Oued El Aneb et de Tréat qui «exploitent» plus d'un millier d'hectares, n'ont pas respecté les clauses contractuelles mentionnées dans les titres d'attribution. Sous-location à des tiers, mise en jachère, vente illégale, détournement de parties des terrains, constructions illicites et autres, telles ont été les infractions relevées par les éléments de la Gendarmerie nationale.
Les dossiers avaient été transmis à la justice qui statuera sur ces cas. Cela entraîne, selon un spécialiste du foncier agricole, une déchéance des droits des attributaires et des dédommagements qui seront versés à l'Etat. Cela n'est, bien sûr, que la partie visible de l'iceberg, puisque, selon nos informations, des milliers d'hectares ont connu le même sort sans que rien ni personne ne s'y oppose. Durant les années 1990, on était trop occupé à rétablir la sécurité et à protéger les biens et les personnes. La surveillance et le contrôle par les services concernés étaient mis en veilleuse et certains en avaient profité à satiété.
Le foncier industriel, l'autre gros morceau auquel s'est attaquée une véritable mafia est à l'origine de l'enrichissement illicite et indécent de certains qui roulent carrosse, aujourd'hui, et sont devenus incontournables sur la place d'Annaba. La mafia du foncier a dilapidé le portefeuille foncier de la wilaya en présentant de vrais faux investisseurs qui ont détourné les terrains de leur vocation première -à savoir la réalisation de grands projets industriels- pour en réaliser d'autres ou pour les revendre au plus offrant-. L'ex-wali avait porté l'affaire devant les tribunaux pour récupérer ces terrains, cela a pris beaucoup de temps mais certaines superficies ont pu être restituées pour être réaffectées à d'autres projets. Pour la grande majorité, la justice n'a pas encore tranché. Aujourd'hui, avec la mise en place de l'Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière, la situation est quelque peu maîtrisée. Il faut dire que le nouveau wali avait donné instruction aux services concernés en vue de la reconstitution du portefeuille foncier et un inspecteur général de la wilaya a été chargé de superviser l'opération.
Le cas de la place du 19 Juin (clôturée depuis bientôt trois ans), située au centre-ville à quelques centaines de mètres de l'hôtel Seybouse, soulève bien des questions.
En effet, ladite place qui servait de stationnement aux bus de transport urbain et, accessoirement, aux vendeurs trabendistes, avait été confisquée pour être affectée au groupe émirati SEDAR qui comptait y réaliser un complexe touristique de haut standing comprenant un grand centre commercial en injectant près de 500 millions de dollars, montant de l'investissement qui touche aussi la baie de Sidi Salem. Mais quatre ans après, ledit investissement se limite à une clôture frappée du sigle du groupe avec à l'intérieur deux gardiens qui font de la figuration. Un détournement tout à fait... «légal».


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