Les nouvelles procédures imposées aux assurés relèvent de l'absurde, car tout le monde est lésé. Depuis sa mise en application le 21 février dernier, la procédure de contrôle médical est devenue une épreuve de longue haleine pour les assurés sociaux. Si le recours à cette mesure par la CNAS s'explique par le souci de juguler les dépenses jugées faramineuses en matière de remboursement des produits médicaux, des lacunes ne manqueront pas d'émerger, suscitant la colère et l'indignation des assurés. Rappelons que la nouvelle mesure, qui concerne tous les assurés sociaux, y compris les détendeurs des cartes du tiers payant à l'exclusion des malades chroniques, consiste à effectuer un contrôle médical systématique pour toute ordonnance d'un montant égal ou supérieur à 1500 DA ainsi que la deuxième ordonnance par bénéficiaire quel que soit son montant, présentée durant les trois mois qui suivent la première prescription. En dépit de toutes les mesures décidées par la direction de la CNAS de Constantine, l'opération continue de connaître des difficultés en raison du nombre important des assurés convoqués en face d'un nombre réduit de médecins conseils. La bonne volonté affichée par les responsables de la CNAS pour la bonne marche des choses ne suffira pas. Lors d'une rencontre avec les représentants des associations des malades en présence de la presse, tenue le 3 mars dernier au siège de l'agence, M. Oudina, directeur de la Caisse nationale des assurés sociaux de Constantine, s'est engagé à mobiliser les moyens humains nécessaires pour que le contrôle médical et le remboursement des frais soient assurés le jour même. Un engagement qui ne trouvera pas une réelle concrétisation sur le terrain, nonobstant les multiples plaintes exprimées par les assurés quant aux lenteurs exagérées pour le recouvrement de leurs frais médicaux. Un fait que nous avons pu constater avec les citoyens eux-mêmes à l'agence siège, sis au boulevard Rabah Bitat (ex-bd de La république), en suivant durant une journée le parcours du combattant qu'ils sont appelés à endurer entre les guichets et les bureaux des médecins. « Pour commencer, il faudra attendre une bonne heure pour déposer son dossier au guichet avant d'assister à son enregistrement sur un simple cahier pour un contrôle médical systématique », nous explique un assuré. La seconde étape commencera à l'étage supérieur, où il faudra attendre encore l'arrivée des dossiers concernés. Pour en arriver, il faudra monter les escaliers. Des personnes âgées, exténuées déjà, -certaines infirmes, les traversent péniblement. Les ascenseurs, pourtant fonctionnels, sont inaccessibles au public. Ils servaient ce jour-là à transporter des extincteurs. A l'étage, la patience est de mise, car il faudra compter une heure de plus pour être admis à prendre sa place dans la longue file face aux bureaux des médecins. « C'est déjà midi, on arrête pour la pause déjeuner. Les médecins s'en vont. On est priés d'attendre encore », commente un autre assuré. Finalement, la reprise n'aura lieu que vers 14h. Les patients sont toujours là. Certains sont épuisés, d'autres commencent à lâcher. Des femmes accompagnées d'enfants en bas âge ne savent plus quoi faire. Les seules toilettes de l'étage sont toujours fermées. Bref, les patients examinés devront redescendre au fameux guichet 13. Là, ils auront à attendre l'arrivée des dossiers. Une réponse laconique du préposé au guichet les renvoie bredouilles : « Revenez demain, votre dossier n'est pas encore arrivé. » Le lendemain, devant le même guichet, des hommes et des femmes attendent toujours dans l'espoir d'entendre une « bonne » nouvelle. L'agent impassible affiche toujours la même mine. Les assurés sont ballottés entre les guichets et le service du contrôle médical pour confirmer que leur dossier a été bel et bien renvoyé pour le remboursement. Enfin, les dossiers sont là, mais les assurés, au bout de leurs peines, ne seront pas remboursés. Interrogé, l'agent nous expliquera laconiquement que c'est le chef de service qui en a décidé ainsi. « De quel droit, on décide une chose pareille », s'indignent les assurés. Un vrai canular. Après insistance, on apprend que le chef de service a ordonné de ne pas toucher aux dossiers jusqu'à ce qu'ils soient rayés du registre. Entre temps, les assurés seront priés de revenir quatre jours plus tard. Ils ne sont même pas sûrs d'être remboursés après cinq journées éprouvantes.