Issue de la restructuration des entreprises entamée à la fin des années 1980, la Société d'impression de l'Est (SIE), qui relevait de l'autorité d'« An Nasr » - entreprise qui publiait plusieurs journaux, dont le défunt hebdomadaire sportif « El Hadef » et « An Nasr », journal régional arabophone -, est devenue autonome dès 1990, et peut se targuer d'avoir parcouru un sacré chemin malgré plusieurs embûches. En effet, son autonomie a été dès le début mal amorcée, car l'entreprise avait eu beaucoup de déficit en encadrement, et les différents directeurs qui se sont succédé à la tête de l'entreprise n'ont pas su donner à la SIE l'allant nécessaire pour s'inscrire parmi le gotha des industries de la communication. Coupable aussi pourrait être un matériel qui se voulait au top lors de son acquisition dans les années 1980 et qui se trouve aujourd'hui complètement obsolète. Mais malgré cela - et c'est là que se situe la particularité de la SIE -, les travailleurs, du simple manutentionnaire à l'ingénieur sur machine, ont su préserver leur outil de travail et, par là même, développer une entreprise qui aspirait à mieux. La SIE tire quotidiennement de ses rotatives vieillissantes, mais toujours aussi performantes, 350 000 exemplaires répartis sur 23 titres et un hebdomadaire (arabophone et francophone), avec une palme spéciale pour notre confrère « El Khabar », qui caracole toujours en tête des tirages, tous titres et toutes langues confondus. M. Grirem, responsable du syndicat de l'entreprise, ne cache pas sa satisfaction. « Les travailleurs, malgré quelques imperfections dans l'entreprise, sont confiants en l'avenir. Il y a eu la rumeur de la privatisation des sociétés étatiques d'impression qui a circulé un certain temps et qui nous a beaucoup inquiétés, car tout le monde s'était investi à fond, avant et après la restructuration, et on avait peur que tous nos sacrifices ne tombent à l'eau. Heureusement que ce n'était qu'un simple bobard. Et tout est rentré dans l'ordre par la suite. » Cette même information, la privatisation des sociétés d'impression, a aussi été démentie par le président du SGP, M. Souamès. Quoi qu'il en soit, les quelque 130 travailleurs de la SIE restent optimistes, car avec l'acquisition d'une nouvelle rotative en 2006, l'avenir d'une entreprise qui a souvent navigué à vue s'annonce florissant. En effet, avec le nouveau matériel, la SIE pourra se relancer dans l'impression en couleur, une option qui a lourdement pénalisé l'entreprise par son absence à cause d'un équipement surutilisé et des machines ne répondant plus aux normes d'impression actuelles. Avec cette nouvelle rotative donc, la SIE n'aura plus de problèmes pour récupérer la foultitude d'hebdomadaires qui étaient de bons clients, mais qui se sont détournés de l'Est pour se porter au Centre où le tirage polychromique est plus développé et de meilleure qualité. Il reste que le problème des mauvais payeurs subsiste toujours, notamment plusieurs titres de la presse publique à faible tirage, mais qui affecte relativement les rentrées financières de la SIE, où les travailleurs souhaitent une meilleure efficience de leurs responsables quand il s'agit de récupérer leurs dus. Mais du moment que certains chiffres « se politisent », la rigueur dans la gestion cède le pas devant la réalité du terrain. Et c'est dommage pour la SIE - et à l'instar de la SIO et de celle du Centre -, entreprise qui aurait pu mieux faire si...