A peine inaugurée par le président de la République, scellant ainsi son érection, que les mécontentements se concentrent déjà autour de la cité des 4 500 logements, dite Akid Lotfi (Fernand-ville). Comment transformer une cité en résidence ? « Cette question, le secteur urbain El Menzeh (Canastel) ne se l'est visiblement jamais posée. » Le journal sous le bras, Omar, un urbaniste habitant dans cette cité, se déchaîne : « Le vaste plan de construction urbaine lancé par Bouteflika a révolutionné le logement dans bien des zones. Mais au niveau local, les municipalités doivent prouver qu'au-delà des logements, elles peuvent assurer l'hygiène et le bitume sur les routes », suggère-t-il. Caressée par le panorama de la baie oranaise, la cité bâtie sur l'îlot H1, à proximité du tribunal d'Es Seddikia, assiste, silencieuse et impuissante, à la dégradation de ses routes... Egarée dans une « jungle urbaine » proliférant aux portes des voies délabrées, la cité voit ses immeubles cacher presque le soleil d'été. Outre les coupures d'eau, l'absence de raccordement au réseau de gaz de ville, les routes et les espaces publics abandonnés, les ordures s'amoncellent un peu partout et des égouts à ciel ouvert lâchent leurs eaux noirâtres et nauséabondes... Omar, 40 ans, un propriétaire anonyme dans cette nouvelle cité de type HLM, est parti en croisade contre le « risque de désintégration urbaine. » Cet urbaniste, militant au sein d'une association de quartier, dit : « Si l'on en juge par la centaine de projets en cours de construction dans cette zone, les nouvelles cités se retrouvent plantées un peu n'importe comment et aucune d'elles ne tient compte du bien-être des acquéreurs. » Pour lui, « le plus important est de maîtriser l'art de la finition et non celui des simples plantations. » Dans le but d'« aboutir à un urbanisme définitivement désenclavé », ce militant est convaincu que « la commune, censée assurer le toilettage de ses quartiers, se doit de bouger, au risque de voir ces cités se transformer en bidonvilles. » Notre interlocuteur est plus que jamais convaincu de « la nécessité d'assurer une cohérence urbaine à l'habitat et aux réseaux de circulation, de revaloriser la notion de copropriété, d'installer des services de proximité, bref, de redonner un environnement sain à la population tenue presque en otage dans ces cités-dortoirs. » Omar parle ainsi d'un « urbanisme humaniste ». D'autres, tout aussi enthousiastes, s'inquiètent de cette « politique » où le « bâti à la va-vite » tient le haut du pavé, et craignent qu'elle ne s'exerce aux dépens d'une gestion de la ville laissée en jachère. »