Deux enfants de 5 et 6 ans sont morts de rage, la semaine dernière, à Oran. Les petits garçons, morts dans la clinique de Canastel et au CHU, ont contracté la maladie par morsure d'animal, début juillet. Ces cas sont loin d'être rarissimes à Oran où la rage sévit chaque été. Face à une question de vie ou de mort et en dépit d'une alerte sanitaire d'une ampleur sans précédent, menée tambour battant depuis l'annonce, il y a une semaine, de ces cas de rage, la campagne d'éradication des chiens errants n'est guerre déclenchée. Pis, Oran ne possède que trois camions de ramassage de chiens errants dont l'un est en pane et une fourrière canine...squattée par six familles qui y vivent. Alors qu'on pensait que la maladie était éradiquée en Algérie, ces cas rappellent que le danger reste bien réel. Pour les vétérinaires, plusieurs carnivores ont été, récemment, diagnostiqués positifs à la rage. Une maladie qui tue 30 personnes par an, dans notre pays, avec plus de 70 000 mordus. Des estimations ont montré que, durant ces premiers six mois de l'année 2005, 1600 cas de personnes mordues ont été enregistrés dans la wilaya de d'Oran, contre 2600 l'an dernier. Si dans le secteur urbain Canastel, dépendant de la commune d'Oran, c'est la mobilisation générale, une semaine après le lancement d'une alerte à la rage, les personnes susceptibles d'avoir côtoyé un chien contaminé n'étaient pas toutes identifiées. La lente réactivité des autorités s'explique par « la carence en moyens mis en œuvre dans ce genre de situations alarmantes et porteuses d'un grand danger sur la santé publique ». La rage est, en effet, une maladie mortelle à 100% si elle n'est pas traitée avant l'apparition des premiers symptômes. Elle ne se transmet pas seulement par morsure, mais aussi, par simple griffure ou léchage d'une peau écorchée. La période d'incubation peut aller jusqu'à quelques mois. Ce qui donne une chance de survie aux victimes de l'animal qui n'ont pas encore été retrouvées. Maladie archaïque On pensait que notre pays était débarrassé de cette archaïque maladie. Officiellement, l'éradication de la rage a été prononcée. Mais le danger reste bien réel. Le virus rabique sévit, en effet, à l'état endémique dans de nombreuses régions du pays : chaque année, il serait à l'origine de 30 à 50 décès. Les chiens errants sont la principale cause de transmission du virus. Selon l'Institut Pasteur, chargé de la surveillance épidémiologique de la rage, leur nombre aurait doublé en vingt ans. Selon les spécialistes, les principaux propagateurs de l'agent infectieux, sont « les chiens errants et les renards dans les campagnes. » Pour enrayer cette diffusion, une timide campagne de vaccination a été menée. Avec de moyens dérisoires, la lutte bute sur l'impossibilité de resserrer l'étau sur le vecteur principal que sont les chiens errants. A Fernand ville par exemple, la nouvelle cités dite Akid Lotfi pilule, de jour comme de nuit, des meutes de chiens errants qui partagent les espaces avec les enfants. Dans une lettre adressée aux autorités, le chef de service d'épidémiologie fait état de « la présence de chiens errants sur la voie publique dans cette zone fortement urbanisée. Ce qui risque de déclencher une épidémie si des mesures ne sont pas prises en urgence. » La correspondance réclame des pouvoirs publics, des moyens pour l'abattage des chiens errants.