Les vingt-quatre centres d'accueil pour personnes âgées et handicapées, gérés par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale, s'avèrent insuffisants, voire inadaptés à la prise en charge de 1865 pensionnaires - 864 femmes et 991 hommes. Ce chiffre a tendance à évoluer à la hausse et montre que le recours aux placements dans les centres d'accueil devient de plus en plus important, notamment quand il s'agit de personnes handicapées ou malades mentales et qui exigent donc une prise en charge particulière. C'est la conclusion à laquelle sont arrivés hier les participants à la journée d'étude consacrée à ce thème et organisée par l'Association d'aide aux personnes âgées, avec la collaboration du ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine. Abandon Cette manifestation entre dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale de la famille, décrétée par l'Assemblée générale de l'ONU en 1994. Ainsi, selon les spécialistes, les problèmes rencontrés dans la prise en charge de cette catégorie de la population, dite du troisième âge, sont les mêmes dans toutes les structures d'accueil. « La plus grande proportion de nos pensionnaires, soit plus de 50%, présente un handicap physique et des maladies mentales. Ces pensionnaires ont été placés par leurs familles qui les ont par la suite abandonnés. Il y a également les marginaux qui n'ont aucune attache familiale, généralement des enfants abandonnés qui grandissent sans familles et finissent par atterrir dans les centres. Ce qui nous incite à militer pour le placement des enfants abandonnés dans les familles d'accueil. Il existe aussi une minorité de personnes âgées placées dans les centres par leurs leurs proches à la suite de conflits familiaux. Notre plus grande difficulté est cette cohabitation entre les personnes saines et les malades mentaux », a déclaré Mme Silarbi, directrice du centre de vieillesse de Sidi Moussa. Celle-ci a mis l'accent sur les problèmes que rencontrent les pensionnaires pour avoir accès aux soins spécialisés dans les hôpitaux. La directrice a interpellé les pouvoirs publics sur la nécessité de séparer les personnes âgées malades de celles en bonne santé, tout en proposant la création de maisons de retraite qui offrent les meilleures conditions de vie pour les retraités sans familles. Le ministre de la Solidarité, Djamal Ould Abbas, a, dans une longue intervention, parlé des 28 structures d'accueil, dont 24 sont opérationnelles, à travers 23 wilayas. Le ministre a plaidé pour un travail de sensibilisation en direction des familles afin qu'elles ne privilégient pas le placement dans les centres pour les personnes âgées. Il a reconnu que « la société algérienne est en pleine évolution et a tendance à connaître donc les mêmes problèmes que les pays développés, mais dont les capacités sont plus importantes ». Il a mis l'accent sur l'apport du mouvement associatif dans le soutien et l'aide à ces personnes « qui vivent dans un dénuement le plus total ». Le représentant du ministère des Affaires religieuses a, quant à lui, appelé à une éducation des enfants basée sur le respect envers les parents afin de renforcer les liens sacrés de la famille. Un vide juridique Ces liens, a insisté le représentant du ministère de la Solidarité, sont en train de s'effriter du fait « de la disparition progressive de la cellule patriarcale, pour laisser place à la cellule nucléaire, composée uniquement du couple et des enfants ». M. Hamoudi, professeur à l'université de droit, a, quant à lui, fait état du vide juridique qui existe en matière de protection des personnes âgées alors que des lois existent pour préserver les droits des mamans, des enfants, des travailleurs et des retraités. Il a néanmoins rappelé les quelques dispositions du code de la famille qui préservent les droits des personnes âgées en milieu familial, également celles de la loi sur la protection sociale et du code de la santé. « Le grand problème aujourd'hui est de réprimer l'abandon des parents par leurs enfants. Comment obliger la famille à reprendre la personne âgée et lui garantir une nourriture, un toit, des habits et des soins ? » M. Brahimi, du comité olympique, a exprimé son « inquiétude » face à ce phénomène de placement des personnes âgées dans les centres d'accueil. « Nous ferons tous un jour partie de cette catégorie du troisième âge et chacun de nous doit penser à cet avenir très proche. Comment peut-on décider de se couper des parents après toute une vie commune et un sacrifice très lourd à supporter ? Nous sommes en train de les pousser vers la mort, alors qu'ils ont tant de choses à nous donner. » Axée sur la prise en charge sanitaire des personnes âgées, le représentant du ministère de la Santé fait état des différentes maladies auxquelles est confrontée cette catégorie de la population, qui a tendance à connaître une hausse considérable dans les prochaines années. « Maladies cardiovasculaires, rhumatismes, maladies psychosomatiques, pathologies mentales, ophtalmologiques et cancéreuses sont celles qui reviennent le plus souvent chez les pensionnaires des centres d'accueil. Leur état psychologique affecté du fait de la marginalisation dont elles sont victimes influe négativement sur leur prise en charge et engendre souvent des complications. » Ces interventions se sont terminées en fin de journée avec comme conclusion « la nécessité de se pencher sérieusement sur cette catégorie de la population qui a tant donné à la famille et au pays ».