Fatalité n La complexité du phénomène est telle que le pays aura toujours besoin de centres d'accueil pour personnes âgées. Ce n'est qu'au début des années 1980 que les autorités ont opté pour la création de centres d'accueil pour personnes âgées. C'est dire que le phénomène du délaissement des parents par leurs enfants est totalement étranger à notre société. A l'époque, ces structures se comptaient sur les doigts d'une seule main. En 1993, 16 centres sont recensés et le nombre a augmenté à un rythme vertigineux pour atteindre 28 foyers en 2006, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale. Répartis sur 23 wilayas du pays et dotés d'une capacité d'accueil de 3 219 places, ces centres hébergent, en ce moment, quelque 2 123 pensionnaires des deux sexes, toutes catégories confondues, dont un millier de femmes. Ce qui correspond au taux de 0,06% du total de la population âgée de plus de 60 ans. Les centres ne sont, cependant pas exclusivement voués à l'accueil des personnes du troisième âge puisqu'ils sont également ouverts aux personnes handicapées. D'où leur dénomination officielle de centres d'accueil pour personnes âgées et / ou handicapées. D'ailleurs, parmi les 2 123 pensionnaires cités plus haut, seuls 30%, soit 640 personnes, sont non-dépendantes. Les autres, soit plus de 1 300, souffrent d'au moins d'un handicap physique, visuel ou mental. Bien que le décret qui les a institués stipule que les centres sont ouverts à toute personne, valide ou non, âgée de plus de 60 ans et à tout handicapé ayant atteint la majorité (plus de 18 ans), il demeure que l'accès aux foyers d'accueil est strictement réglementé. Toute une procédure est, en effet, nécessaire pour aboutir au placement d'une personne. Les responsables des centres renvoient le plus souvent les demandeurs aux services de l'action sociale de la wilaya qui, à leur tour, sollicitent une enquête sociale de l'APC de résidence de la personne concernée. Le but est de s'assurer que le candidat à l'accès au centre d'accueil n'a pas de famille connue et que par, conséquent, il n'a pas où aller. «Mais nous sommes des êtres humains avant d'être des responsables. Il nous est impossible de rejeter une personne qui se présente ou qui est abandonnée par des membres de sa famille devant le portail de l'établissement», nous dira Mme Si Larbi, qui dirige depuis cinq ans la plus grande structure du genre en Algérie, le centre de Sidi-Moussa, en l'occurrence. Même si le nombre de ce genre d'infrastructures est conséquent à travers le territoire national, le ministère en charge de la Solidarité nationale compte les renforcer davantage, même s'il privilégie la sensibilisation. Ainsi, selon les chiffres communiqués par le département de Djamel Ould Abbas, 11 nouveaux centres sont en cours de construction à travers différentes wilayas du pays et seront réceptionnés à l'horizon 2009. Ce qui portera le nombre total de ces infrastructures à cette date à près de 40, avec une capacité d'accueil de plus de 4 500 pensionnaires. Pour rappel, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale avait suggéré, publiquement, l'idée de procéder à la fermeture des centres d'accueil pour personnes âgées avant 2010, dans le but de dissuader ceux qui seraient tentés d'abandonner leurs parents. Or, la complexité du phénomène est telle que le pays aura toujours besoin de ce genre de centres. Djamel Ould Abbas, s'exprimant sur la question au courant de la semaine dernière, a lui-même fini par reconnaître que même dans le cas où toutes les personnes âgées sont prises en charge convenablement par leurs enfants, les centres seront, tout de même, nécessaires pour accueillir ceux qui n'ont pas de famille.