L'ensemble du peuple palestinien s'est mobilisé ce 15 mai afin de commémorer le 57e anniversaire de la nakba, cette catastrophe qui marque la création de l'Etat d'Israël en 1948. Des milliers de citoyens de la bande de Ghaza et de la Cisjordanie occupée sont sortis dans la rue pour faire parvenir un message clair au reste du monde, à savoir qu'il ne peut y avoir une solution pacifique au conflit israélo-palestinien sans un règlement juste de la question des réfugiés, basée sur l'application de la résolution 194 des Nations unies, qui exige leur retour dans leurs foyers. Les manifestations ont débuté par une minute de silence. La foule en colère scandait des slogans en faveur du droit de retour des réfugiés. Ce droit est tout aussi bien collectif que personnel, ce qui interdit à quiconque de décider pour eux. La question des réfugiés, qui est la résultante directe de l'occupation de la terre palestinienne, a toujours représenté un obstacle majeur dans toutes les tentatives de normalisation entre Palestiniens et Israéliens. Ces derniers ne veulent absolument pas entendre parler du retour des réfugiés qui, selon eux, représentent une menace démographique susceptible d'annuler l'identité juive de l'Etat d'Israël. Ces réfugiés, qui étaient plus de 700 000 à avoir été forcés de quitter leur terre, sont aujourd'hui plus de 5 millions. Après la guerre de 1948, qui fut un véritable désastre pour les pays arabes et pour le peuple palestinien tout particulièrement, à cause de la défaite humiliante des armées arabes, les Israéliens ont forcé plus de 50% de la population palestinienne à l'exil. Près de 500 villages ont été rayés de la carte, dans le souci d'empêcher définitivement le retour de leurs habitants. Abou M'hamad, un vieil homme de 70 ans, réfugié du camp de Djabalia, qui, à l'image de nombreuses personnes âgées, a tenu à participer à la manifestation organisée par les mouvements nationalistes et islamistes dans la ville de Ghaza. Il nous a déclaré : « Mon âge et mes multiples maladies ne m'empêchent pas de participer à un événement que personne ne doit oublier. Les juifs, qui ne représentaient pas plus de 11% de la population de la Palestine en 1948 et ne possédaient pas plus de 6% de la terre palestinienne, ont bâti leur Etat sur les décombres de nos villes et de nos villages qu'ils ont rasés. » « Les générations n'oublieront jamais », a souligné le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. « Ce jour-là, un crime a été commis contre un peuple qui a été déraciné de sa terre, dont l'existence a été détruite et qui a été forcé de fuir de par le monde », a-t-il rappelé. Mahmoud Abbas a, par ailleurs, rappelé « le droit du peuple (palestinien) à établir un Etat indépendant avec Jérusalem pour capitale », jugeant cette cause « juste et fondée sur la légitimité internationale ». De son côté, le Premier ministre palestinien Ahmad Qorei n'a pas mâché ses mots : « Jérusalem est occupée et en grand danger, les colonies de Cisjordanie s'étendent quotidiennement, le mur de séparation étrangle notre territoire et les espoirs de paix vacillent. » Il visait le plan de Sharon qui prévoit le renforcement de la colonisation en Cisjordanie occupée, ainsi que la séparation de la ville sainte de son entourage palestinien. Cette journée du 15 mai a montré une grande unanimité parmi les Palestiniens quant à la nécessité de régler le problème des réfugiés, condition nécessaire à tout règlement du conflit qui les oppose aux Israéliens.