21 915 ballons noirs ont été lâchés à Ramallah, représentant le nombre de jours qui se sont écoulés depuis la création d'Israël. Hamas a fêté l'événement à sa manière. Ses milices armées ont attaqué au gourdin et aux armes à feu, un rassemblement fathaoui, dans le nord de la bande de Ghaza. Ghaza : De notre correspondant Les palestiniens, divisés plus que jamais, ont commémoré jeudi dernier, le 60e anniversaire de leur Nakba (catastrophe). A Ramallah, en Cisjordanie occupée, les partisans du mouvement islamiste Hamas, auteurs d'un putsch armé au mois de juin 2007 contre l'autorité palestinienne et son président, Mahmoud Abbas, à Ghaza, n'ont pas participé aux manifestations commémorant la date du 14 mai 1948, date à laquelle fut proclamé l'Etat d'Israël, sur la terre palestinienne et aux dépends du peuple palestinien, dont plus de 80% ont été forcés à l'exil, dans ce qui restait à l'époque : la Cisjordanie non occupée et la bande de Ghaza, ou dans les pays arabes limitrophes comme la Jordanie, la Syrie, le Liban et ailleurs. En cette triste occasion le président palestinien, Mahmoud Abbas, s'est adressé à l'ensemble des Palestiniens là où ils se trouvent. « Soixante ans sont passés depuis la Nakba de notre peuple, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont été déracinés de leur patrie, leur maison et leur terre, et poussés à l'exode aux quatre coins du monde. Aujourd'hui, ils sont des millions », a t-il déclaré dans un discours radiodiffusé. Le président a rappelé à Israël et au reste de la communauté internationale, que la poursuite de la colonisation est un obstacle aux efforts de paix. Il a, par ailleurs, affirmé que toute solution du conflit doit prendre en considération les exigences nationales palestiniennes, qui se résument en la création d'un Etat indépendant sur les territoires occupés en 1967, avec la ville sainte d'El Qods comme capitale et un règlement juste du problème des réfugiés, selon la résolution 194 des Nations unies. A Ramallah, à midi précise, la vie s'est immobilisée pendant deux minutes, alors que des sirènes étaient actionnées depuis les minarets des différentes mosquées de la ville. Des milliers de personnes arborant le keffieh palestinien, portant des tee-shirts noirs avec l'inscription « 1948, 60 ans de Nakba », alors que les automobilistes se sont immobilisés en observant deux minutes de silence. 21 915 ballons noirs ont été lâchés, autant que le nombre des jours passés depuis la création d'Israël. Au grand rassemblement de Ramallah, des milliers de femmes, d'hommes et d'enfants, qui gardent un espoir immense de voir la lumière au bout de ce long tunnel, ont chanté à l'unisson des chants folkloriques sous les bannières palestiniennes. En Cisjordanie, le président Abbas appelait à l'union de tous les Palestiniens, afin de mieux pouvoir défendre leur cause ; dans la bande de Ghaza, Hamas a fêté l'événement à sa manière. Ses milices armées ont attaqué aux gourdins et aux armes à feu un rassemblement fathaoui, dans le nord de la bande de Ghaza. Selon des participants à ce rassemblement organisé par le mouvement Fatah au camp des réfugiés de Djabalia, des hommes armés du mouvement Hamas auraient arrêté plus de 20 personnes. La ville de Rafah, au sud de Ghaza, a vécu des actes similaires où des militants du mouvement Fatah ont été passés à tabac, pour leur interdire toute activité quelle que soit sa nature. Le mouvement Hamas a, par ailleurs, organisé une marche en direction du terminal de Beït Hanoune, principal point de passage entre la bande de Ghaza et le territoire israélien. De son côté, Israël a fêté en grande pompe son 60e anniversaire. Le président américain, George Bush, présent depuis mercredi dernier dans la région afin d'assister aux festivités israéliennes, a confirmé, une fois de plus, un soutien sans faille à l'Etat hébreu. Certains responsables israéliens l'ont qualifié de plus sioniste que certains ministres du cabinet israélien actuel. Devant la Knesset, le Parlement israélien, le président Bush n'a évoqué que de manière très générale et prophétique l'effort de paix, en envisageant à quoi ressemblerait la région au 120e anniversaire d'Israël : « les Palestiniens auront la patrie dont ils rêvent et qu'ils méritent depuis longtemps, un Etat démocratique qui sera gouverné par la loi, respectera les droits de l'homme et rejettera le terrorisme. » Et, s'il a rappelé les « siècles de souffrances et de sacrifices » endurés avant que le « rêve » d'un Etat israélien se réalise, il n'a pas mentionné les violences subies par les Palestiniens, qui se poursuivent jusqu'à aujourd'hui. Dans la bande de Ghaza, où plus de 70% de la population ont le statut de réfugiés, l'embargo israélien fait des ravages. Dans cette région où la pauvreté et la précarité sont quotidiennes, la vie est, aujourd'hui, complètement paralysée. Certains citoyens qui ont vécu le drame de l'exode de 1948, qualifient la situation actuelle sous embargo israélien et les différends inter-palestiniens, de nouvelle Nakba du peuple palestinien.