C'est aujourd'hui que les Palestiniens commémorent le 60e anniversaire de l'injustice qui leur est imposée par une résolution de l'ONU. Les Palestiniens commémorent aujourd'hui le 60e anniversaire de la spoliation de leur terre, et d'une manière plus générale de l'injustice qui leur est faite avec le consentement de la communauté internationale, puisque l'ONU avait voté en son nom la triste résolution 181 de novembre 1947, ordonnant le partage de la Palestine. De nombreuses manifestations sont, bien entendu, prévues par devoir de mémoire. Et, entre autres faits, les députés des partis arabes israéliens ou encore ces fameux descendants de Palestiniens demeurés sur leur terre, vont boycotter la séance de la Knesset aujourd'hui, où le président américain George W. Bush doit prononcer un discours à l'occasion du 60e anniversaire de la création de l'Etat hébreu. Le ton a été donné, hier, à Tel-Aviv, puisque M. Bush, dès son arrivée, a affirmé l'étroitesse des liens entre les Etats-Unis et Israël et de sa confiance dans l'avenir. Le discours de M. Bush interviendra le jour de la commémoration par les Palestiniens de la « Nakba », la « catastrophe » que fut pour eux la création d'Israël en 1948, sur les trois-quarts de la Palestine historique. Neuf députés, représentant la communauté arabe qui rassemble les descendants de 160 000 Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël, boycotteront le discours de M. Bush. Le parti communiste, Hadash, qui compte deux députés arabes et un député israélien, a affirmé dans un communiqué, que ses trois élus boycotteraient la séance spéciale de la Knesset qui se tiendra « le jour où le peuple palestinien marquera le 60e anniversaire de sa Nakba, pendant laquelle il a été chassé de sa patrie et qu'on empêche aujourd'hui d'établir son Etat indépendant ». Qualifiant M. Bush de « criminel de guerre », le parti a dénoncé son « soutien aveugle à Israël » et à ses guerres contre « les peuples palestinien et libanais ». Le député, Jamal Zahalqa, chef de file du Rassemblement national démocratique (RND), dont les trois élus boycotteront le discours, a accusé M. Bush de « montrer son indifférence envers la Nakba du peuple palestinien et ses souffrances et traduit son impartialité idéologique totale en faveur d'Israël ». Le député, Ahmad Tibi, en fera autant avec ses trois collègues représentant une alliance entre la Liste arabe unifiée et le Mouvement arabe pour le changement. Quelque 760 000 Palestiniens ont été poussés à l'exode lors de la création de l'Etat d'Israël, le 14 mai 1948. Le sort de ces réfugiés et de leurs descendants, environ 5 millions de personnes, est la question la plus épineuse du conflit israélo-palestinien. Israël refusant d'entendre parler de leur retour sur son territoire. Israël a occupé, en juin 1967, la Cisjordanie et la bande de Ghaza, des territoires où les Palestiniens se sont résignés à créer leur futur Etat, sans renoncer pour autant, au droit au retour des réfugiés sur leur terre. La communauté arabe israélienne compte aujourd'hui plus de 1,2 million de personnes sur une population totale de près de 7 millions. Plusieurs rapports officiels israéliens et institutions comme la Cour suprême ont admis que les Arabes israéliens étaient victimes de discriminations économiques et sociales. C'est le fameux apartheid décrit par de nombreuses organisations et personnalités de premier plan. Quant aux Palestiniens des territoires occupés, ils font face au terrorisme d'Etat israélien. Quatre d'entre eux ont été tués, hier, dans des opérations de l'armée israélienne dans la bande de Ghaza, ont indiqué les services d'urgence palestiniens. Ces opérations ont coïncidé avec l'arrivée du président Bush en Israël. Au moins 467 personnes, presque toutes Palestiniennes ont été tuées depuis la relance des négociations de paix israélo-palestiniennes, fin novembre 2007 à Annapolis, aux Etats-Unis, selon un bilan non-officiel. Et il est sûr qu'un tel processus ne mènera nulle part. C'est le président israélien lui-même qui a fait cet aveu, sous forme de déclaration à un quotidien américain. D'ailleurs, même les Palestiniens n'y ont pas cru, mais leurs dirigeants refusent toujours d'endosser l'échec.