L'histoire d'Oran commence théoriquement en l'an 900 après Jésus-Christ. La ville aurait été fondée cette année-là par des marins andalous chassés par Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon. De cette époque, nous ne savons pas grand-chose sinon que ces réfugiés échouèrent par centaines de milliers sur le site même du complexe touristique qui porte leur nom aujourd'hui : les Andalouses. Comment vécurent-ils ? Comment s'organisèrent-ils ? Là encore, les chroniqueurs et les rares voyageurs qui accostèrent à Oran (Orane pour certains géographes) sont presque muets. Ce qui est sûr, par contre, est que la montagne qui dominait le hameau d'alors (le Murdjadjo) était non seulement giboyeuse mais infestée de lions. Le dernier de ces fauves ne sera abattu qu'en 1904 par des fermiers français dans la petite forêt de la montagne carrée qu'on appelle aujourd'hui d'ailleurs la Montagne des lions. Et ce n'est pas le fruit d'un hasard si les armoiries actuelles de la ville sont frappées d'un lion symbolique. Ce qui est sûr aussi est que les deux oueds, aujourd'hui ensevelis sous le béton des constructions du centre-ville (au niveau du journal El Jomhouria et de l'hôtel Martinez), coulaient en toute liberté et au bord desquels on peut facilement imaginer des lavandières s'activer autour de leur linge. Nous n'avons, bien sûr, pas la prétention de faire un travail de recherche et d'historien — ce n'est pas la vocation de cette chronique —, nous voulons simplement faire promener le lecteur, sans guide et sans œillères, à travers sa ville et sa région avec, ici et là, une halte sur un aspect précis de son histoire ou de sa géographie et même comme nous le verrons dans les prochaines éditions de sa préhistoire. Nous essaierons de casser quelques tabous mais surtout de rétablir quelques vérités et ainsi rendre à César ce qui appartient à César. M. M.