Un projet de loi présenté par Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, devra dans une échéance de deux ans interdire l'extraction du sable de plage et de rivière. L'annonce a été faite par Mohamed Nadir Hamimid, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, à l'ouverture, hier à l'hôtel El Aurassi, d'un séminaire de deux jours sur les systèmes constructifs, les matériaux et les produits de construction. Ce projet de loi fait partie d'une série de mesures visant à mettre de l'ordre dans le secteur de l'habitat en introduisant des techniques modernes et adaptées, et ce, après le séisme du 21 mai 2003 qui a fait apparaître des défaillances et fraudes mortelles dans les méthodes de construction et les matériaux utilisés. D'autant que, côté politique, il sert à concrétiser la réalisation d'un million de logements inscrits dans l'agenda du président Abdelaziz Bouteflika pour son second mandat. « On ne peut pas continuer à soutenir un pillage éhonté du sable de mer et du sable de rivière. Ce n'est pas logique, ce n'est plus possible (...). Tous les techniciens sont unanimes pour dire que le sable concassé peut servir à produire du bon béton », a indiqué M. Hamimid. Aussi, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a appelé les propriétaires de carrière à s'y préparer : « Nous allons regrouper prochainement tous ceux qui ont des carrières pour leur demander de ramener des équipements additionnels pour qu'ils puissent produire le sable concassé. Il faut qu'on passe par cette solution. » Dans cette perspective de modernisation et d'adaptation aux techniques nouvelles de construction, M. Hamimid a plaidé pour le développement des systèmes semi-industrialisés utilisant le coffrage outils. « Nous allons vers l'utilisation de la pompe à béton, de centrales de production de béton prêt à l'emploi, vers la charpente métallique, sur un moyen terme également. C'est un passage obligé pour la construction, par exemple, d'immeubles à grande hauteur, que nous ne maîtrisons pas », a-t-il poursuivi. Appelées à faire face à une concurrence féroce, les 103 entreprises publiques économiques (EPE) du secteur devront se structurer au sein de groupes (deux au Centre, un à l'Ouest et le dernier à l'Est). Des groupes répartis en 16 filiales. La décision a été arrêtée, en août 2004, lors d'une réunion du Conseil des participations de l'Etat (CPE). « Cette restructuration doit être accompagnée d'un plan d'investissement pour permettre de développer des techniques de construction et réadapter la notion de rentabilité au sein de ces entreprises. L'enveloppe est de l'ordre de 8 milliards de dinars », a expliqué M. Fassouli, président de la SGP INGAB, gestionnaire des quatre groupes. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a exhorté à l'optimisme, citant les différents projets de construction à venir ou ceux déjà en cours de réalisation. Pour le programme quinquennal 2005-2009, 555 milliards de dinars ont été alloués à ce secteur. Les assiettes foncières destinées à recevoir les projets de construction ont été identifiées et les études des sols engagées. M. Hamimid s'est, par ailleurs, montré intransigeant au sujet des constructions anarchiques. « La loi actuelle nous permet de détruire toute construction anarchique et toute construction érigée sans permis. Elle nous permet également de saisir la justice pour intervenir dans le cas où la construction ne serait pas conforme au dossier technique », a-t-il prévenu. S'agissant des familles sinistrées du séisme du 21 mai 2003, le ministre a assuré qu'elles devront dès juin prochain commencer à quitter leur chalet pour des habitations en dur. Les livraisons de logements s'étaleront jusqu'à la fin de l'année 2005 pour un programme de 15 000 logements.