On estime à près de 20 millions de tonnes le sable des oueds prélevé annuellement. Après le report de son application en 2005 et le gel de son interdiction en 2007, l'extraction de sable des rivières sera remise, encore une fois, aux calendes grecques. En principe la journée d'hier devait marquer la fin de l'extraction des sables des rivières. Mais celle-ci sera-t-elle prorogée? Ce n'est pas si sûr. Va-t-on accorder encore une fois des autorisations à puiser du sable à titre exceptionnel? Le délai de deux ans, arraché en 2007 aux parlementaires, devait expirer hier, en revanche, on ne sait pas si une solution adéquate est déjà envisagée. Cette question de gel ou prorogation de l'extraction de sable des oueds ne semble pas être à l'ordre du jour de la nouvelle session de l'APN. Toutefois, une chose est sûre, la pénurie de sable sera d'un impact catastrophique et sur l'environnement et sur les divers chantiers lancés. Bien que la loi sur l'eau interdise depuis 2005 l'extraction des sables de rivière, son application a été ajournée puisqu'un sursis de deux ans avait été accordé aux opérateurs et aux pouvoirs publics, pour ne pas bloquer les divers chantiers lancés dans les secteurs de l'habitat, des travaux publics, de l'hydraulique...par une insuffisance de sable. Certes, le délai de deux ans était aussi destiné à relancer et développer la production du sable de concassage à partir des carrières. Mais qu'en est-il? Pour répondre aux besoins en la matière, générés surtout par l'interdiction de l'extraction des sables des oueds, l'Anpm a, en juillet dernier, proposé 12 sites miniers destinés à la production de sable concassé. Cependant, quand le projet devra-t-il entrer en production? Même si c'était le cas, les 12 sites seront-ils en mesure de répondre à la demande des divers chantiers? Une quantité énorme de sable devrait être fournie pour les besoins des mégaprojets et autres chantiers. On estime à près de 20 millions de tonnes de sable des oueds prélevées annuellement. Le moratoire a-t-il incité les investisseurs à développer le sable de carrière? L'application de la loi interdisant l'extraction des matériaux alluvionnaires, prévue pour le début de ce mois en cours, risque d'être reportée de nouveau. Elle sera effective dans un nombre limité de wilayas où le danger a atteint son apogée. C'est ce qu'a laissé entendre le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal. Une chose est sûre, si l'on met fin aux autorisations en cours sans trouver de solutions de rechange, c'est l'extraction illicite qui va combler le vide de nouveau et gagnera davantage de terrain. Ainsi, à la pénurie du ciment on aurait ajouté une crise du sable. Il reconnaît que les objectifs tracés en 2007, visant à développer les carrières en vue de remplacer les sablières implantées sur les lits des oueds n'ont pas été atteints. «Logiquement, après le début septembre, on n'aura plus le droit de toucher aux matériaux alluvionnaires, mais il y a un problème. Des carrières ont été développées, mais apparemment, c'est toujours insuffisant pour couvrir les besoins nationaux en sable», a-t-il affirmé. Par ailleurs, la mafia du sable ayant de fortes connexions avec les groupes armés n'est pas en reste. 11 sablières ont été fermées en 2008 au niveau de l'oued Sebaou à Baghlia, en raison de la détérioration avancée des lieux. Parallèlement, il a été également procédé à la fermeture de 18 pistes secondaires aménagées non loin de la commune de Boudouaou El Bahri, en plus de 38 autres pistes dans celle de Cap Djinet, en raison de leur exploitation par les pilleurs de sable. En dépit de multiples mesures prises, ce phénomène n'a toujours pas été réduit et ce, pour plusieurs raisons. Pour ne citer que celle-là, la région de Chouicha entre Zemmouri et Cap Djinet et la zone d'Ouled Ghenim à Cap Djinet, ainsi que d'autres sites à Boudouaou El Bahri et Dellys sont des endroits inaccessibles aux services de sécurité.