L'adéquation de la formation dispensée au niveau des universités et des centres de formation professionnelle avec les besoins des entreprises économiques, en matière de main-d'œuvre, fait défaut. La qualification est ignorée dans les systèmes d'enseignement et de formation en Algérie. Résultats : des milliers de personnes sortent, chaque année, avec des diplômes sans pouvoir s'insérer dans le monde du travail. Cette problématique était, hier, au centre d'un débat organisé à l'hôtel Sofitel (Alger) par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) en partenariat avec la Société financière internationale (SFI). Une rencontre à laquelle ont pris part des chefs d'entreprise et des spécialistes en économie. Placée sous le thème « Adéquation formation/emploi », cette rencontre était une opportunité pour les présents de diagnostiquer le mal de la politique nationale de formation et son inadaptation avec la demande, en main-d'œuvre, des entreprises. Il a été question également de proposer, selon les normes internationales, un remède idoine afin de mettre un terme à ce problème. Présentant son exposé sur le sujet, Mahrez Aït Belkacem, consultant en ressources humaines, a mis l'accent sur « la dérive des pouvoirs publics qui n'ont pas accordé, par le passé, assez d'importance à la formation professionnel ». « En raison de l'histoire politico-économique de l'Algérie, la formation initiale s'est peu à peu déconnectée de la sphère de production et a cessé de se préoccuper du devenir des sortants des différents cycle de formation », a-t-il déclaré. Le Système de formation et la politique budgétaire, ayant favorisé la rémunération du personnel au détriment de la pédagogie, ont été remis en cause par Mahrez Aït Belkacem. « Les experts des organisations internationales, l'Union européenne et la Banque mondiale, qui se sont penchés sur le diagnostic du dispositif algérien de le formation professionnelle, ont dénoncé les hiatus séparant le produit de la formation et le monde du travail », a-t-il souligné. L'orateur a déploré, dans la foulée, l'absence de débats sur cette question dans les tripartites et les bipartites réunissant, annuellement, le gouvernement, les représentants du patronat et l'UGTA. Selon lui, l'Etat, l'entreprise, les opérateurs de formation, les organismes de gestion des demandeurs d'emploi et les partenaires sociaux ainsi que les personnes physiques doivent jouer leur rôle, en tant qu'acteurs de la formation, dans la prise en charge du problème. Aux insuffisances précitées s'ajoute, dira M. Aït Belkacem, l'absence de formateurs professionnels. Intervenant à la même occasion, un enseignant retraité a déclaré qu'en Algérie, on a tendance à former des connaissances et non des compétences. « Chez nous, le diplôme sanctionne une connaissance et non une compétence. Il faut que l'Etat cesse de former les connaissance », a-t-il lancé. Toutefois, la solution à la problématique ne parvient pas uniquement de l'Etat. Selon Lahachmi Siagh, président de cabinet Strategica, les entreprises doivent s'impliquer davantage dans la formation. Citant l'exemple de l'Amérique du Nord où il était enseignent, Lahachmi Siagh a affirmé que dans cette région du monde, les entreprises investissent dans la formation au niveau des universités. « Il faut qu'il y ait une synergie entre l'entreprise et l'université », a-t-il insisté.