Le vieux bâti séculaire constitue à Béjaïa l'essentiel du cadre témoin de hauts faits culturels, historiques et civilisationnels, dans une cité trois fois millénaire, tour à tour romaine, hammadite, almohade, hafside, espagnole, turque,...Houma Bab El Louz, Houma Karamane, Azboukh l'Madani, Houma Oucherchour..., tout un pan de la cité vivante qui défie encore le temps et se dresse, intra-muros, de l'autre côté de ce qui reste de la muraille hammadite et des portes d'accès (Bab El Bahr, Bab El Fouka, Bab El Bounoud...). Le temps a eu raison de la cité des sciences Sidi Touati et de nombreux mausolées des saints patrons protégeant la ville, et autres fontaines publiques. Ruelles étroites, édifices limités dans l'ensemble à un seul niveau - rare est le deuxième niveau, ou « tighourfatine », courette avec puits et fontaine... Si le matériau est emprunté par la suite à la maçonnerie introduite par l'occupant, le brassage des architectures andalouse, turque et kabyle est très dominant. La houma n'est pas une cité-dortoir contrairement aux cités hideuses et sans âme poussant comme des champignons çà et là. C'est un cadre de vie organisé, vivant et actif, terreau de l'être citadin générant des façonnements dans le parler, l'expression lyrique, le capital culinaire, la mémoire commune et les autres vecteurs de l'identité. Ce cumul culturel a du mal à renaître dans les excroissances disparates qui de plus en plus défigurent la ville. « Si on ne veut pas tuer le passé de la ville, si l'on veut toujours s'énorgueillir d'offrir à l'œil du visiteur des traces de notre histoire, il est urgent de penser à une restauration et une mise en valeur des lieux », interpellait le vice-président de l'APW, Mohamed Bettache, la DLEP et la DUCH, les exhortant à des expertises car la préservation répond aussi au souci de prévenir le risque d'effondrement et leurs tragiques conséquences. L'APC n'a pas manqué non plus d'alerter les autorités sur le devenir de ce patrimoine. Prenant le taureau par les cornes, la commission aménagement, encouragée par la visite effectuée en 2004 par un expert de l'UNESCO, un architecte spécialisé dans la restauration, compte élaborer un cahier des charges sous les conseils techniques de ce même délégué appelé à revenir en juin prochain. « Le financement prévu initialement dans le programme MEDA a malheureusement capoté », nous apprendra Hamid Achour, vice-président de l'APC. Il en impute les raisons « au peu d'intérêt accordé par le ministère de la Culture ». Il accusera encore la même tutelle d'avoir fait représenter Béjaïa aux portes ouvertes sur le patrimoine organisées en décembre 2004 à Marseille « par des gens qui n'ont rien à voir avec la ville de Béjaïa ». Cela dit, notre interlocuteur nous informe que l'APC financera le projet sur les fonds municipaux.