Les récentes restrictions imposées par les pouvoirs publics en matière d'extraction de sable de mer et de rivière dans l'attente de l'interdire tout court font qu'une faune de pilleurs s'est rabattue sur l'oued Amarigh, dans la région de Beni Mansour, et a jeté son dévolu sur le lit de cette rivière en usant parfois de gros moyens. Des ouvriers, généralement des adolescents, s'acharnent avec des pelles et des pioches à trouver le bon filon qu'ils gèrent comme une propriété privée en le revendant au prix fort aux divers transporteurs de la région. Agissant au grand jour, au vu et au su des services chargés de lutter sur le terrain contre ces pratiques frauduleuses, à bord de tracteurs, seuls engins capables de sillonner tout l'oued, ces pilleurs arrivent de toutes les communes limitrophes dès les premières heures de la matinée dans un bruit assourdissant et se disséminent sur toute l'étendue de la rivière. Nous avons pu constater sur les lieux de profondes excavations exécutées à l'aide d'engins. On y creuse même sous le pont des chemins de fer, dans le rayon immédiat des culées et des piliers, mettant dangereusement en péril cet ouvrage. L'oued est constamment dévié vers les propriétés agricoles et les habitations environnantes. A chaque crue, ce sont des hectares entiers de terre fertile et d'arbres qui sont emportés. Parallèlement à cette grave atteinte à l'environnement, il est à se demander si le béton réalisé à partir de ce matériau est conforme aux normes universelles de construction et s'il est en mesure de résister aux secousses telluriques et autres effets de la nature lorsqu'on sait que le sable provenant de cette rivière est à forte contenance en sel (d'où le nom de la rivière amarigh : salé). L'enduit de ciment réalisé à base de ce sable s'effrite aussitôt qu'il sèche, d'où l'apparition du phénomène de lézardes sur les murs et plafonds, affirment des techniciens.