Des trente et une personnes jugées mercredi et jeudi derniers par le tribunal criminel de Guelma pour « commercialisation d'armes de guerre » et « détention et commercialisation de stupéfiants », sept d'entre elles ont écopé de douze ans de réclusion criminelle, trois autres de cinq ans par contumace, onze de deux ans et enfin les dix autres relaxées. Tout a commencé le 30 novembre 2004 lorsque Rabha Maâlem, épouse de Rabah Touarfia, a adressé au juge d'instruction près le tribunal de Souk Ahras puis à la police pour l'ouverture d'une enquête deux lettres de son mari qu'il avait auparavant envoyées de la prison où il purgeait une peine pour une affaire de drogue : l'une était adressée à Fatma-Zohra Mehdi, divorcée qui dit s'être remariée avec lui (Rabah Touarfia) selon le rite traditionnel, et l'autre à son ami Ferhat Hamaza. Ces lettres (pièces à conviction) codées ont pu être déchiffrées et parlent de cacher l'arme, en l'occurrence un PA, un Beretta 9 mm, et de ne vendre la « chose périssable » (drogue) qu'à un certain nombre de gens, des inculpés qui sont cités nommément. La police a pu saisir cinq kilogrammes de kif et l'arme grâce à Ferhat Hamaza. Outre Rabah Touarfia, Ferhat Hamaza et Fatma-Zohra Mehdi, Mohamed-Chérif Boussioud, Salah Nessib, El Bahi Hachaïchia et Abdelwaheb Argoub, agent de police, sont les principaux inculpés dans l'affaire du PA. Le premier (Rabah Touarfia), 52 ans, qui semble être une sorte de « parrain », revient sur ses déclarations faites devant le juge d'instruction, disant devant le président de l'audience qu'il n'avait pas acheté l'arme pour 50 000 DA, mais que Ferhat Hamaza la lui aurait donnée le 14 mars 1997. Il niera son implication dans la détention et la commercialisation de la drogue, mais le juge lira sa lettre codée, qui était posée sur la quantité de kif, lettre que l'inculpé avait envoyée de la prison à Ferhat Hamaza. D'ailleurs, questionné par le juge, celui-ci dira qu'il s'agissait de cinq kilogrammes. Auparavant, appelé à la barre, ce dernier, maçon de profession, dira qu'il ne faisait que garder les objets de Rabah Touarfia, la quantité de kif et le PA. Il en est tout autant de Fatma-Zohra Mehdi, qui dit vivre avec lui sous la pression et le chantage. Si certains témoins n'ont rien apporté de nouveau, les deux enfants de Rabah Touarfia, Mohamed (13 ans) et Amel (10 ans), appelés afin d'éclairer l'affaire, enfonceront leur père, qui, selon eux, les utilisait comme des dealers. Mohamed dit que son père le maltraitait, le ligotait et l'enfermait. Les enfants citeront même plusieurs personnes inculpées qui ont été servies par eux. Le président de l'audience dira à Mohamed d'aller jusqu'aux inculpés et de les désigner. Ce qu'il fit. Le représentant du ministère public requerra vingt ans de réclusion criminelle contre tous les inculpés. La plupart des avocats de la défense ont réclamé les preuves chargeant leurs clients, certains feront état d'un doute quant aux déclarations des enfants. Quant à celui de Rabah Touarfia, il n'a pu que demander les circonstances atténuantes.