Le lynchage à mort d'un jeune Franco-Algérien par un groupe de gitans, dimanche dans le vieux quartier Saint-Jacques de Perpignan, a suscité beaucoup d'émotion au sein de la population des deux communautés qui partagent ce même quartier. Depuis cette date, chaque soir, des incidents opposent les jeunes Maghrébins aux gitans, mais aussi aux forces de l'ordre qui font barrage entre les deux places principales servant de base arrière aux deux bandes. Mais au-delà de ce fait divers, pour les différents acteurs sociaux, c'est l'interprétation même de cet événement qui pose problème. Car il y a tout de même un fait premier qui a été occulté, c'est la poursuite puis le lynchage d'un homme par quinze autres, armés de barres de fer, de clubs de golf, etc. Cette folie extrême qui a fait qu'un homme soit poursuivi puis massacré de façon bestiale est mise en second, pour ne parler que de confrontation communautaire. La nationalité ou les origines de la victime et des agresseurs sont-elles aussi importantes au point de les mettre sans cesse en avant ? Certes, l'info doit se faire, on doit savoir ce qui s'est passé, mais a-t-on le droit d'insister de cette manière sur les communautés, de préciser à chaque fois qu'un Français est « non d'origine » quand il crée un fait divers quel qu'il soit. Vendredi, toute la presse s'est fait l'écho de l'assassinat horrible d'une fille de quatre ans dans son lit. Sa mère a disparu et son père a été arrêté. Mais à aucun moment il n'a été question des origines des parents. Parle-t-on de Français d'origine polonaise, italienne ou latine ? Evidemment non ! Pourquoi un tel traitement de faveur, pourquoi ne pas oublier cette redondance « Français d'origine maghrébine » ? Ainsi, le mois d'avril à Perpignan a été le mois de la fraternité, en y ajoutant une touche religieuse, occultant l'aspect historique et culturel profond. Certes, il y avait de la musique et du théâtre, mais pour quelle population ? Finalité : une autosatisfaction pour un projet qui n'aura abouti à rien de concret. Le jeune beur ne sait toujours pas d'où il vient, juste qu'il est Français maghrébin, souvent issu des « quartiers ». N'étant pas Français tout court, il doit porter cette étiquette toute sa vie durant. Tout ceci pour dire que ce dimanche 22 mai à Perpignan, un homme de 28 ans a été battu à mort par un groupe d'hommes parce qu'il ne voulait pas qu'on touche à sa voiture. Il était né à Perpignan, tout comme ses agresseurs.