Les réformes de tous genre ont ceci de particulier que lorsqu'elles sont menées à pas de charge finissent souvent par générer une accélération de l'histoire. C'est le cas notamment de l'emploi qui, en Algérie, vient de subir un changement du tout au tout : la dépermanisation a vite fait d'installer un climat d'insécurité parmi les employés qui ont appris, parfois sans vraiment comprendre, qu'un poste de travail trouvé n'est plus valable à vie . Aujourd'hui, il ne suffit plus de parler du taux de chômage dont les officiels se plaisent d'inscrire la tendance à la baisse depuis quelques années, mais faut-il encore pouvoir garder son emploi. L'heure est ainsi aux nouveaux termes du débat sur la question du travail dans le monde comme depuis quelques temps seulement en Algérie. Le pays vient ainsi de franchir son dernier pas pour rejoindre les pays étrangers notamment les plus avancés d'entre eux, qui continuent aujourd'hui encore à se débattre contre la misère de l'emploi. Le projet de réforme actuellement en préparation consacrera, selon les éléments dont nous disposons, définitivement une nouvelle réalité, où le travail est abandonné aux forces du marché. Ce même marché qui, malheureusement, n'existe pas encore tant l'offre est insignifiante et la demande souvent irrecevable. A la précarisation de la société à cause d'un chômage de masse, la précarité de l'emploi reste plus que jamais chevillée. Le gouvernement n'a pourtant rien fait encore qui soit à la hauteur de cette conception libérale de la politique de l'emploi. La notion de flexibilité dont pratiquement la majorité des entreprises se saisit pour n'offrir que des contrats de travail à durée déterminée est devenu abusivement une pratique courante, dont le coût social est à méditer bien évidemment. L'Etat incitatif n'est en revanche pas en mesure encore de ramener l'investissement hors hydrocarbures tant attendu. Quant à sa mission de régulation et de mises en place de politique alternatives de création d'emplois ainsi que de formation en rapport avec les mutations de plus en plus insaisissables de notre économie, le pays a encore beaucoup à faire dans l'imitation des pays où le marché arrive à gouverner.