La salle de karaté que vient d'ouvrir, dans le populeux quartier de Kouchet El Djir, un ancien champion du monde d'arts martiaux, Tikour Mokhtar, que l'on considère comme le « grand frère », suscite un grand engouement. Très bien aménagée et avec douches et sanitaires, la salle est, en cet après-midi de fin de semaine, pleine à craquer. En mouvements synchronisés, jeunes et moins jeunes, des débutants pour la plupart, s'acharnent à démontrer à quiconque et surtout aux nombreux parents présents dans la salle, toute la maîtrise de leur art, encore balbutiant. L'engouement pour ce sport dans le quartier est tel qu'ils sont déjà 125, et des deux sexes, à s'être inscrits, dira avec fierté Mokhtar. Sur le pourquoi d'une telle aventure, le maître qui n'est âgé que d'une trentaine d'années, dira vouloir extirper les jeunes des fléaux sociaux qui guettent ce quartier déshérité. Et d'ajouter que les motivations pour les jeunes sont multiples pour ce sport, à l'image des chômeurs qui viennent ici pour déverser leur trop plein de mal-être et d'autres pour arrêter de fumer. Les enfants dans leurs kimonos tout neufs font les durs sur le tatami qui a coûté les yeux de la tête, dira Mokhtar. Longtemps marginalisé, le populeux quartier de Kouchet El Djir ne compte aucune salle de sport ni maison de jeunes. Il n'y a pas si longtemps, de nombreux jeunes organisés en bandes allaient faire la « guerre » à ceux des quartiers avoisinants. Un vieux qui habite le quartier depuis 1956, présent dans la salle, attendant son tour pour s'adonner à son sport favori, le matrag, dira que l'ouverture de cette salle nous a rendu un grand service.