Quinze nouvelles tombes musulmanes ont été profanées dans la nuit de jeudi à vendredi dans le cimetière militaire de Cronenbourg, dans la banlieue de Strasbourg. Cet acte raciste vient s'ajouter au 55 tombes musulmanes profanées le 24 juin dernier à Haguenau, toujours en Alsace. « Je suis en colère et je suis indigné. Je demande des résultats, je ne peux plus me contenter de condamnations et de messages de solidarité. C'est l'indignation devant ce 11e acte de barbarie, de racisme et de xénophobie. Ce n'est pas un acte sporadique, mais quelque chose d'organisé qui cible la communauté musulmane », s'emporte Abdallah Boussouf, recteur de la Grande mosquée de Strasbourg. Dans la nuit de jeudi à vendredi, 15 tombes musulmanes du cimetière militaire de Cronenbourg, dans la banlieue de Strasbourg, ont été profanées. Des croix gammées et des signes SS ont été peints à l'encre grise et bleue sur les pierres tombales, toutes situées dans le carré musulman de ce cimetière. L'acte porte la signature « HVE junior », en référence à l'Association patriotique alsacienne (« Heimattreue Vereinigung Elsass », HVE), un groupuscule dissous en septembre 1993 en raison de ses liens avec des organisations néo-nazies européennes. Ce sigle avait déjà été retrouvé sur certaines des 55 tombes musulmanes du cimetière militaire de Haguenau (Bas-Rhin), profanées le 24 juin. Toute la classe politique française, à l'exception de l'extrême-droite, est montée au créneau pour dénoncer cet acte raciste qui a visé les anciens combattants morts pour la France durant la Seconde Guerre mondiale. Le président Jacques Chirac a fait part de sa « consternation » et a promis au président du Conseil régional du culte musulman d'Alsace, Abdelhaq Nabaoui, que les auteurs de ces actes seraient poursuivis. Environ 300 tombes ont été profanées en Alsace depuis le mois d'avril, concernant des stèles musulmanes et juives. Des mosquées et des domiciles de responsables religieux ont également été visés par des actes du même type. Or, la police n'a pour l'instant arrêté personne. Et ce sentiment d'impunité que dénonce la LICRA, la ligue contre le racisme et l'antisémitisme, qui note dans un communiqué que « La répétition de ces actes innommables salissent notre pays, insultent musulmans et juifs, déstabilisent la République ». Le président du Conseil régional de l'Alsace, Adrien Zeller, envisage de rémunérer toute personne qui fournira des informations sur les profanateurs à la police. Il veut créer un fonds de 15 à 18 000 euros réservé à cet effet. Adrien Zeller veut faire changer l'image « déplorable » de l'Alsace, seule région restée à droite après les élections régionales.