L'islamophobie et le racisme sont bel et bien présents dans l'actualité française. Ils le sont dans les cimetières, dans les rues et même dans les stades où l'esprit de l'Olympe y est prôné. Vandalisme? Xénophobie? Islamophobie? Profanation. 148 tombes du carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette, à Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais) en France, ont été profanées «Les inscriptions visent directement l'Islam», a déclaré la ministre de la Justice, Rachida Dati, d'origine maghrébine. Le procureur de la République d'Arras, Jean-Pierre Valensi, affirme: «Selon nos informations, ce ne sont pas cent quarante-huit mais plus de cent soixante-dix tombes qui auraient finalement été dégradées à la peinture noire avec des inscriptions racistes et "anti-Islam." Les inscriptions ont été tracées à la peinture et au milieu des "White Power" et autres croix gammées, l'une des tombes porte également une insulte à l'adresse de Rachida Dati, ministre de la Justice.» «Une tête de porc découpée, a même été pendue à l'une des tombes», a ajouté M.Valensi. Ce n'est pas la première fois que des tombes musulmanes de ce cimetière sont souillées. Cette profanation intervient presque un an jour pour jour, après la découverte d'inscriptions nazies, les peintures de croix gammée et de croix celtique sur 52 tombes du carré musulman de la plus importante nécropole militaire de France. Certes, l'acte en lui-même a été condamné par la France officielle. «Les mots n'exprimeront pas le chagrin et la tristesse qui sont les nôtres, en tant que musulmans, en tant que Français, en tant qu'acteurs associatifs qui militons pour que l'Islam ait sa place dans notre pays», a déclaré Amar Lasfar, de l'Union des organisations islamiques de France, après s'être rendu sur les lieux. Il a estimé que cet acte portait atteinte aux «morts tombés pour la France, aux valeurs dont nous jouissons aujourd'hui, la démocratie, le respect de l'autre, la tolérance». Un acte qualifié de raciste par l'Elysée. Le président français, Nicolas Sarkozy, a demandé que «les auteurs soient punis comme ils le méritent». Et Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants de souligner: «Cette profanation inqualifiable est une insulte à trois titres: une insulte aux combattants musulmans de la Grande guerre qui sont morts pour la France, une insulte à l'ensemble des combattants musulmans qui se sont battus pour notre pays dans toutes les guerres, une insulte à l'ensemble du monde combattant.» Le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubaker, a dénoncé «un geste odieux, scandaleux» perpétré par «des gens minables qui ne méritent que le mépris et la condamnation nationale». De son côté, Rachida Dati, visée par ces actes, a condamné la profanation dénonçant un «acte profondément inadmissible» et a demandé «au procureur de la République d'identifier les auteurs de cet acte odieux et de les poursuivre avec la plus grande fermeté». Dans l'optique de minimiser ces actes barbares, Amar Lafsar souligne toutefois que «cette minorité est en train de créer un climat malsain et ce climat ne fait que malheureusement creuser le fossé entre les citoyens de ce pays». Ainsi, la France de l'égalité, de la fraternité, de l'amitié et des droits de l'Homme redécouvre l'islamophie. Cette profanation vient s'ajouter à une longue liste d'actes similaires ayant ciblé ces dernières années la communauté musulmane de France, notamment les lieux de culte. La grande mosquée de Saint-Etienne, alors qu'elle était en construction, celle de Grand-Charmont, dans la banlieue de Montbéliard (Doubs) touchée par un incendie criminel, celle de Carpentras, visée pendant la prière du vendredi par deux engins incendiaires artisanaux, de Lyon qui a été la cible d'un projectile qui n'a pas explosé, sont autant d'exemples révélateurs «d'une islamophobie montante». Auparavant, la Grande Mosquée de Paris a été en 2005 la cible de graffitis racistes. Avant ce grand lieu de culte, la grande mosquée de Creil (Oise), et celles de Haguenau (Bas-Rhin), de Saint-Just-Saint-Rambert (Loire), de Lens (Pas-de-Calais), d'Escaudain, près de Valenciennes (nord), et de Nanterre (Hauts-de-Seine), une salle de prière à Seynod (Haute-Savoie), une autre à Chambéry (Savoie), la mosquée d'Annecy, une mosquée en construction à Aubagne, dans les Bouches-du-Rhône, ont fait l'objet d'actes islamophobes sans compter les autres cas de profanation de tombes et les agressions quotidiennes. De ce fait, la profanation à Arras du cimetière musulman est l'un des derniers actes de cette montée en puissance de l'islamophobie en France. Des faits révélateurs d'un mal qui s'installe et s'enracine en France. Ces actes ignobles n'ont évidemment pas été revendiqués. Ces exactions sont une véritable atteinte au droit du culte que ces mêmes Français tentent d'imposer outre-mer. L'islamophobie et le racisme sont bel et bien présents dans l'actualité française. Ils le sont dans les cimetières, dans les rues et même dans les stades où l'esprit de l'Olympe y est prôné. La dernière banderole déployée lors de la finale de Coupe de France, en présence du président Sarkozy en témoigne. Certes, il y aura toujours des personnes, pour dire que les auteurs sont de jeunes désoeuvrés. Et de soutenir que tous ces mouvements sont noyautés et l'intérêt est de connaître qui tire réellement les ficelles. Mais la question de fond est de connaître qui oeuvre sournoisement dans cette dérive, qui diligente ces actes, dans le seul but de propager la xénophobie?