Un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé hier autour de l'université des sciences islamiques, l'Emir Abdelkader. L'objectif de la police était d'empêcher les étudiants de marcher comme prévu à travers les artères de Constantine contre la décision de supprimer l'enseignement de la charia. La demande déposée la veille par la coordination des organisations estudiantines n'a pas reçu l'aval du wali mais les autorités ont anticipé sur une initiative improvisée capable de déraper. En fin de compte, les étudiants, qui tenaient hier leur seizième jour de grève, n'ont pas tenté de sortir de l'établissement préférant occuper les espaces d'entrée assis par terre. Cette réaction modérée de la part des frondeurs contraste cependant avec le bras de fer engagé à l'intérieur avec le recteur de l'université. Abdallah Boukhelkhal est, en effet, traité de tous les noms et accusé de faire dans la provocation pour des objectifs que les organisateurs prétendent ignorer. En attendant une plainte judiciaire envisagée pour bientôt, la coordination a adressé hier une plainte à la tutelle « pour ses comportements irresponsables, les insultes et le mépris infligés aux étudiants et surtout sa décision de fermer les portes de l'université devant eux ». L'administration a, en outre, poursuivi en justice les quatre responsables des organisations, à savoir l'UGEL, l'UNEA, le LNEA et le comité de la charia et du droit, et fermé toutes les voies du dialogue. Cette démarche est celle aussi de la tutelle « qui a envoyé des représentants non pas dans le but d'ouvrir des négociations, estiment les grévistes, mais pour nous convaincre du fait accompli ». Les grévistes de l'université islamique, à l'instar des autres centres, craignent de se retrouver sans emploi si les besoins en matière d'encadrement au niveau des paliers inférieurs de l'enseignement sont supprimés. Par ailleurs, la démarche des grévistes comme leurs arguments dévoilent un autre enjeu politique, cette fois-ci, qui prévaut au sein de l'alliance présidentielle. Le RND, on le sait, endosse la responsabilité de la décision prise par Boubakeur Benbouzid, soutenu par son chef du gouvernement. Il doit faire face en cela au FLN et au MSP qui, eux, sont représentées à l'intérieur de l'université par les organisations contestataires. C'est à ce niveau que la cause défendue par les étudiants devient un outil pour déstabiliser le gouvernement Ouyahia et renverser les rapports de force dans les cercles de décision. Le département de l'éducation nationale semble, en revanche, imperturbable et soutenu solidairement par celui de l'enseignement supérieur qui ignore superbement cette grève. Le feuilleton continue donc. Les grévistes organisent aujourd'hui un sit-in national entre 10h et midi alors que la collecte de signatures lancée dans l'ensemble des centres universitaires de Constantine se poursuit.