Je tiens ce récit de mon ami Boualem Oussedik officier de la Wilaya IV, qui par la suite m'a été confirmé par ammi Salah. En allant à Tunis, Boualem est passé par la wilaya, lieu où il l'a rencontré au cours d'une longue étape. L'ennemi était partout. Les postes militaires hérissaient les reliefs du Nord-Constantinois. Il y avait un combattant assez âgé par rapport à la moyenne des autres combattants, je ne le citerai pas car il est encore vivant. Il est aujourd'hui à la retraite et il a occupé un poste important dans la Fonction publique. Constatant son état de fatigue et de lassitude ammi Salah l'aborde et lui dit : « Tu es fatigué, n'est-ce pas ? » « Oui je suis fourbu », reconnaît le moudjahid. « Donne-moi ton arme », lui dit ammi Salah. Ce dernier lui donne une autre arme de moindre qualité et lui dit : « Vois-tu le poste militaire là-bas ? Vas et rends-toi, mais prends garde, lorsque tu t'en approcheras, marche doucement faute de quoi ils te tireront dessus. » Le chef avisé, et sage qu'il était, avait compris que l'homme ne pouvait plus continuer, et qu'il allait peut-être se rendre à l'ennemi de sa propre initiative, ce qui aurait été plus dangereux. Il a compris également qu'il était une charge pour les autres combattants, et qu'il avait fait ce qu'il pouvait. Le djoundi en question a continué à servir son pays après l'indépendance, et ce, grâce à ammi Salah.