Le rapport au patrimoine a toujours été tendu, âpre, conflictuel. C'est un truisme que de le resservir. Dessein délibéré, volonté sournoise, calcul, aléas de l'histoire, négligence ? On ne sait trop quoi dire. Toujours est-il que dans cette atmosphère, il s'en trouve encore quelques trublions et autres âmes perverses qui ajoutent leur grain de sel pour glaner divers avantages. L'astuce n'est pas nouvelle. Elle a fait école. Pis, ils donnent l'impression de prendre les choses à la légère, avec cette désinvolture surprenante de hardiesse et d'hypocrisie. Nulle gêne ni réticence, rien qui incite à faire amende honorable. De l'audace en permanence. Qu'importe le calice puisqu'on a l'ivresse. On apaise les vices à coups de ritournelles, d'antiennes, de contorsions verbales, de gesticulations. Les dégourdis trouvent constamment le prétexte adéquat pour assouvir des penchants mercantiles. L'allusion est claire. Elle concerne ces petits malins qui gigotent et virevoltent autour de la défense du patrimoine d'Alger, de la nécessité de le restaurer et de le sauvegarder. Le noble dessein devient pour eux synonyme de profession de foi, stratagème fourbi, dont ils usent comme d'un cheval de Troie. Il existe bien sûr des gens honnêtes et sincères. Leur dévouement est réel. Il faut donc séparer le bon grain de l'ivraie. Chasser les intrus qui, faisant mine d'une fausse probité, vivent encore des malheurs et des vicissitudes qui frappent le legs historique et monumental de la ville d'Alger. L'Etat, qui semble rompre avec son apathie coutumière, du moins ces derniers temps, se doit de dissuader toutes les tentatives qui visent à faire agir les vieilles ficelles et astuces passées. Ce sera déjà un vrai progrès. Il n'y a nul réquisitoire gratuit ou cousu de fil blanc, ni fabulation montée en épingle. C'est tout juste une observation, un rappel. Ne dit-on pas qu'un rappel est toujours utile ?