La Société des travaux de viabilisation de Béjaïa (STVB) ne se départit pas du climat de doute et de suspicion, qui ne dit pas son nom, charriés dans le sillage du processus de sa privatisation. Au ralentissement de la procédure de reprise de l'entreprise par ses salariés (RES) et du désarroi qu'affichent les travailleurs vient s'ajouter un nouvel élément qui complique l'équation. Parmi les 87 salariés figurant sur la liste des repreneurs, 4 sont aujourd'hui licenciés de la STVB pour des raisons qu'ils contestent. Au-delà des motifs réels de ces cessations de travail, c'est leur sort qui demeure une inconnue. Ils ne font plus partie de l'effectif de l'entreprise mais, paradoxalement, figurent sur la liste des repreneurs qui ont souscrit à la reprise de leur entreprise pour un capital de près d'un million de dinars. Tous les souscripteurs ont constitué des provisions par versement individuel de l'ordre de 12 000 DA. Repreneurs ou pas repreneurs ? Les textes définissant les conditions de reprise d'une entreprise publique économique par ses salariés ne semblent pas avoir prévu ce cas de figure. Il n'y fait référence à aucune possibilité d'une remise en cause de la liste des repreneurs ou à un quelconque remboursement de la provision. En mai 2004, une demande de « désistement » du RES émanant de l'une des deux employées licenciées a été rejetée par la direction de l'entreprise. Le dossier étant déjà transmis à la SGP qui chapeaute l'opération. Le train de la privatisation ayant déjà démarré, il semble donc impossible de le quitter en marche. Doit-on alors réintégrer les licenciés ? « (...) Nous ne pouvons donner de suite favorable à votre demande de réintégration et confirmant la cessation de votre relation de travail prononcée conformément aux dispositions réglementaires ». C'est la réponse du PDG de la STVB à la demande de la deuxième employée licenciée en mars dernier et qui s'en est remis au président du directoire SGP Est-Sud. « Je suis employée au sein de la STVB depuis le 25 novembre 2001 avec des contrats à durée déterminée qu'on nous a fait signer à blanc (aucune date ne définit ni le début ni la fin du contrat (...). Je fais partie des repreneurs étant donné que j'ai signé le PV auprès d'un huissier de justice et j'ai eu des retenues sur salaires d'un total de 12 000 DA, soit 12 actions », écrit la concernée à la SGP. En rappelant la condition d'avoir au minimum une année de travail pour souscrire à la RES, elle souligne la « non confirmation » de son poste. Deux autres employés, dont un agent de sécurité, ont connu le même sort. En réclamant leur réintégration, ils défendent aussi leur statut de repreneurs. La direction explique qu'elle n'a appliqué que la réglementation en vigueur en annonçant la « fin de contrat ». Les licenciés préfèrent voir rien moins qu'une forme de « représailles » suite à leur implication dans le mouvement de protestation. Pour rappel, les pétitionnaires ont demandé, en mars dernier, la dissolution de la section syndicale et du comité de participation. Après avoir procédé à l'installation d'une nouvelle section syndicale, les repreneurs ont manifesté leur opposition, à travers un récent avis dans la presse, à toute transaction sur deux terrains d'assiette d'une superficie globale de 25 000 m2 qu'ils soutiennent en être propriétaires et « réservées pour une promotion immobilière des travailleurs ».