La colère monte d'un cran ! Les travailleurs de l'Enaditex refusent le fait accompli. Ils l'expriment clairement en multipliant les actions de protestation contre la décision de dissolution de cette entreprise qui constituait pendant les années 1970 et 1980 le fleuron de l'industrie textile nationale. Hier encore, plusieurs employés, une centaine environ, ont observé un sit-in au niveau du dépôt de l'Enab d'Ager, à quelques encablures de la maison de la presse Tahar Djaout. Ils ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Bouteflika pour la relance économique, la SGP IM et Texmaco contre la préservation du secteur public » ; « La dissolution de l'Enaditex est illégale » ; « Pour l'application stricte de l'accord signé le 30 mars 2008 » ou encore « Pour le respect des lois de la République ». Outre les employés de l'entreprise, venus de différentes régions du pays, des dizaines de syndicalistes activant dans d'autres secteurs se sont joints au rassemblement qui s'est déroulé de 9h30 jusqu'en début d'après-midi. Par cette action, les manifestants veulent faire entendre leur voix et récupérer leur droit perdu après la « liquidation » de leur entreprise annoncée le 26 novembre dernier. Convaincus que leur société a été dissoute contrairement à la réglementation en vigueur, les travailleurs demandent le retour au protocole d'accord. Ils citent particulièrement les articles 6 et 8 qui « n'ont pas été appliqués ». L'article 6 donne la priorité de recrutement aux travailleurs de l'entreprise dans le cas où celle-ci trouve repreneur. L'article 8, quant à lui, laisse la possibilité de reprise des biens de l'entreprise par les salariés (conformément aux textes réglementaires en vigueur), si elle est dissoute. La seule disposition respectée dans cet accord est celle relative aux indemnisations des travailleurs. Pour Mohamed Denideni, secrétaire général du syndicat, « indemniser ne suffit pas pour les salariés dont l'âge ne leur permet pas encore de prendre la retraite ». « Ceux-ci, dont le nombre dépasse les 400, précise-t-il, ont besoin de travail pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille. Un travail, comme vous savez, qui n'est pas facile à trouver dans leur situation. Et c'est pour eux que nous sommes mobilisés. » Le syndicat ne compte pas rester là. Outre le fait d'avoir fait opposition à la décision de dissolution auprès des instances compétentes, il envisage de porter l'affaire devant la justice. « Nous allons user de tous les moyens légaux pour arracher les droits des travailleurs. Nous allons saisir le Premier ministre, le ministre de l'Industrie, les députés, les sénateurs... », souligne Zenati Benyoucef qui affiche la pleine détermination des travailleurs à aller jusqu'au bout de leurs revendications. Les travailleurs de la wilaya d'Oran ont aussi adressé une lettre de protestation au secrétaire général de l'UGTA lui demandant d'intervenir pour « débloquer » leur situation qui « stagne depuis juillet 2008 ». Dans leur missive, ils précisent n'avoir « jamais accepté la fermeture définitive » de l'entreprise. « Après une très longue expérience, nous sommes prêts à relever le défi et à redonner vie à notre entreprise à travers sa jeunesse », affirment-ils. Le vœu des quelque 400 travailleurs ayant perdu leur emploi, c'est de pouvoir relancer l'entreprise. Un vœu qui risque d'être pieux...