Dans le cadre de ses activités culturelles Café littéraire, la Bibliothèque nationale d'Algérie (BN) à Alger a organisé hier une rencontre autour de la présentation de l'ouvrage de Abdenacer Khellaf intitulé Les Odyssées de Abdellah Boukhalfa, poète et critique littéraire en langue arabe, qui s'est suicidé le 2 octobre 1988 à Constantine à l'âge de 24 ans, quelques jours après son retour de Biskra, sa ville natale. L'ouvrage en question est édité par la BN. Il s'agit de critiques littéraires et de poèmes publiés par ce poète ainsi que des entretiens qu'il a accordés à la presse. Abdenacer Khellaf, poète lui aussi, les a rassemblés et publiés sous forme de livre. Dans son intervention, le directeur général de la BN Amine Zaoui a indiqué que le meilleur hommage qu'on puisse rendre aux hommes de culture algériens est de rassembler leurs travaux de les publier. Ainsi, l'institution qu'il dirige compte éditer des écrits d'autres créateurs qui ont disparu prématurément. Une telle démarche constitue une autre manière de « conserver leurs travaux et de les rendre accessibles au public ». Des amis du poète ont été invités, à l'exemple du poète Mohamed Stili. Il rappelle que Abdellah Boukhalfa a été poussé au suicide d'autant qu'il subissait la pression et les harcèlements pour des raisons idéologiques. « Un dossier a été confectionné à son sujet à l'institut de philosophie à l'université de Constantine où il était étudiant », explique-t-il. Un cadre d'une institution culturelle à Tiaret et écrivain, Mustapha Nettour, relève que dans les années 1980 l'université de Constantine s'est transformée en terrain de lutte pour différents courants idéologiques. « Les islamistes étaient dominants et réprimaient tous les étudiants qui ne partageaient pas leurs opinions. Le poète est victime de leur violence. Ils l'ont contraint au suicide. » Un autre cadre et écrivain, Mohammed Saïdi, venu de Constantine, constate que le suicide du poète est la conséquence du climat de violence qui régnait à l'époque à Constantine. Dans cet environnement, « les étudiants des différents courants idéologiques, au lieu d'opter pour le débat et la discussion constructifs, ont versé dans la violence ».