Le chef de la mission économique auprès de l'ambassade de France à Alger, M. Pierre Mourlevat, nous fait part à travers cet entretien de son analyse sur l'évolution du climat des affaires en Algérie. Quelle évaluation faites-vous de la participation des entreprises françaises à la 38e édition de la Foire internationale d'Alger ? La première chose à signaler pour ce qui est de la participation française à cette 38e FIA est que nombre de petites et moyennes entreprises (PME), qui interviennent dans la branche de l'équipement industriel, ont manifesté de réels intérêts pour investir en Algérie. Beaucoup d'entre elles veulent en effet créer des filiales, alors qu'habituellement elles se contentent de faire uniquement du commerce. Je pense ainsi que du côté de ces entreprises françaises, on commence réellement à partir de l'exportation vers l'investissement. C'est d'autant plus important qu'il s'agit de PME et que ce secteur pourrait à terme favoriser l'émergence d'un important tissu d'activités sur le marché algérien. Ces PME ont-elles déjà entrepris de mettre en œuvre des projets d'investissements concrets sur le marché algérien ? Ce qu'on peut avancer à ce propos est que de nombreuses petites et moyennes entreprises françaises commencent à s'intéresser de près au mécanisme mis en place pour la conversion d'une partie de la dette algérienne en investissement. Elles souhaitent en effet pouvoir profiter de ce mécanisme qui porte sur la conversion d'un montant de 285 millions d'euros. Ces PME veulent entrer dans ce programme et ont ainsi affiché de réelles intentions d'investissement dans le domaine des biens d'équipement pour les usines. Cela veut dire qu'il y a une amélioration réelle du climat des affaires en Algérie, car il y un retour de la confiance, une amélioration de la situation sécuritaire, mais aussi des avantages liés à la baisse des droits de douanes. Considérez-vous que le climat des affaires en Algérie soit tout à fait propice à l'investissement étranger ? En ce qui concerne les conditions d'investissement en Algérie, certains problèmes demeurent encore posés. Il s'agit notamment des contraintes liées au foncier, au système bancaire et au rapatriement des capitaux. Pour l'accès au foncier, quelques difficultés subsistent encore dans certains cas précis. Pour le secteur bancaire, les opérateurs attendent beaucoup de la réforme financière et notamment du processus de modernisation du système de paiement qui est actuellement en phase de réalisation en Algérie. De même, ils comptent également sur le développement des réseaux d'agences des grandes banques françaises implantées en Algérie, afin qu'elles puissent leur assurer un accompagnement suffisant pour leurs projets. Qu'en est-il des contraintes liées au rapatriement des capitaux ? Les contraintes liées au rapatriement des capitaux continuent encore à poser problème pour le domaine des services, des royalties et de tous ce qui n'est pas matériel. Il s'agit de contraintes liées à des restrictions relevant de la politique de change et l'on s'attend à ce qu'elles soient prochainement atténuées, vu que des discussions en ce sens ont eu lieu avec les responsables de la Banque d'Algérie lors de la dernière visite de la délégation du Medef à Alger. La révision à la baisse du risque Algérie est-elle, selon vous, à même de stimuler concrètement l'investissement étranger en Algérie ? La baisse du risque Algérie est un élément important pour les perspectives d'investissements en Algérie. Sur une échelle de 7, ce risque vient de passer de 4 à 3. Ceci est très important car à partir du niveau 3, les primes d'assurance deviennent réellement favorables pour les opérateurs économiques.