A la veille de la Marche mondiale des femmes 2005 contre les violences et la pauvreté, qui s'est déroulée les 28 et 29 mai dernier, l'association Forum femmes Méditerranée, membre du Collectif 13 droit des femmes, a organisé, en collaboration avec l'Institut de la Méditerranée, une rencontre ayant pour thème « Femmes de la Méditerranée : entre violences et stratégies de liberté ». Une rencontre qui intervient également à l'occasion de la publication d'un rapport sur la situation des femmes au sud de la Méditerranée (Maroc, Tunisie, Algérie et Jordanie). Les débats ont porté essentiellement sur la situation des femmes dans les pays méditerranéens, chacune avec ses spécificités socioculturelles. Les conditions des femmes algériennes et marocaines ont particulièrement été au centre des débats. Il a été question des amendements des codes de la famille dans les deux pays. Les intervenantes sont revenues longuement sur les articles considérés discriminatoires à l'égard des femmes et qui n'ont pas été amendés. Aïcha Channa, présidente de l'association solidarité féminine marocaine, a mis l'accent sur le combat mené par les marocaines pour les mères célibataires et pour la reconnaissance de leurs enfants. Pour elle, il n'est pas question que des enfants naissent pour être rejetés par la société. « Notre association a été aux côtés de ces mamans qui ont échappé à la mort et nous leur avons offert des moyens de se nourrir et élever leurs enfants à travers des projets intégrés générant des revenus », dira-t-elle avant de signaler que cinq à six naissances hors mariage sont enregistrées à Casablanca. Aouicha, du collectif femmes du MDS qui a représenté les associations algériennes dans le cadre du collectif pour un mouvement féminin - Tharwa n'Fadhma Soumeur, Collectif femmes du printemps noir de Tizi Ouzou, association VIE, créée le 10 mars 2005 -, est revenue sur les nouvelles dispositions du code de la famille qui garde toujours le même caractère discriminatoire que celui de 1984. « Notre collectif continue à exiger l'abrogation de ce code. nous continuerons à lutter pour arriver un jour à son abrogation. Notre combat est aussi celui de défendre la liberté d'expression et de la presse. Je profite de cette occasion pour exprimer notre soutien aux journalistes emprisonnés dont Mohamed Benchicou et tous ceux qui ont été condamnés », dira-t-elle avant de rendre hommage à toutes les victimes du terrorisme. La représentante de la ligue démocratique pour les droits de la femme au Maroc, Faouzia Assouly, est revenue sur l'application des nouvelles dispositions de la moudawana amendée une année après. Selon elle, seulement 3% de cette nouvelle mouture sont appliqués. « Il y a encore beaucoup de travail à faire », a-t-elle signalé. Après avoir fait un état des lieux et souligné le manque de volonté politique des différents Etats pour éradiquer les inégalités, les participantes ont tenté de mener la réflexion sur les possibilités de développer les partenariats avec une pleine participation des femmes du pourtour méditerranéen à la vie économique, sociale, culturelle et politique de leurs sociétés respectives. Une déclaration commune a été adoptée à l'unanimité dans laquelle elles dénoncent la montée de l'intégrisme dans différents pays, les inégalités et les violences faites aux femmes.