Nous appréhendons les grandes chaleurs, nous voulons de l'eau pour boire » ; « nous voulons un centre de soins » ; « nous demandons une route » ; « nous espérons avoir une école pour nos enfants » ; « construisez-nous de simples logements pour nous abriter quand il fait froid » ; « faites quelque chose pour nos enfants qui sont meurtris par le chômage » ; « réparez-nous la toiture du saint marabout » ; « réalisez-nous ce que bon vous semble » ; « construisez-nous un lieu pour faire du sport et pour se rencontrer » ; telles sont les principales revendications de ces Algériens oubliés par la politique de développement depuis des années, qui continuent à lutter contre les difficultés naturelles qui s'acharnent quotidiennement contre eux, d'une part, et qui résistent jusqu'à l'heure actuelle contre les hordes criminelles qui sévissent dans leurs zones implantées sur les lointains massifs forestiers de l'extrémité ouest de la wilaya de Tipaza, limitrophes avec les wilayas de Chlef et Aïn Defla, d'autre part. Pour se rendre dans ces lieux, en parcourant plusieurs dizaines de kilomètres de piste à bord d'un véhicule tout-terrain, il est impératif de se faire escorter par les éléments des forces de sécurité. La vitesse du véhicule n'excède pas 30 km/h. Le relief abrupt, les pistes étroites et sinueuses qui dégagent des poussières immenses au passage du véhicule, des montagnes immenses se dressant au premier regard suscitent une crainte, une appréhension. Dès les premiers moments, le fait de ne pas croiser des gens, ni des véhicules nous ramènent à la question sur la vie que mènent des familles qui vivent dans ces taudis nichés sur les montagnes presque inaccessibles des communes de Beni Mileuk et Larhat, dans la daïra de Damous. Durant la saison hivernale, ces zones sont coupées du reste du monde. Les familles survivent dans la douleur. Des campements militaires sont installés au milieu de cet environnement silencieux très dur à vivre. Les éléments de l'ANP, très actifs en dehors de leurs horaires de travail consacrés aux ratissages, à la lutte anti-terroriste et à la surveillance de ces immenses « déserts verdoyants », organisent des rencontres de football pour tuer le temps. Le téléphone portable est inutile dans ces espaces « lunaires ». C'est le « paradis » de la misère. Certains organismes étatiques de construction proposent la délocalisation des projets de construction des logements vers des endroits plus accessibles. Le wali de Tipaza a rejeté ces arguments en exigeant le respect des délais afin que ces Algériens bénéficient de maisons décentes. Le quota des logements ruraux n'est pas arrêté. Les élus locaux de ces APC ont été chargés de dégager des assiettes de terrain pour l'implantation des équipements publics et des logements ruraux. Tefssassine et Sidi Zoura sont des agglomérations rurales situées au sud de la commune de Beni Mileuk, à proximité d'El Abadia (Aïn Defla) viennent de voir quelques projets se réaliser, six mois après la visite de l'exécutif de la wilaya de Tipaza. Pour l'anecdote, beaucoup de directeurs de wilaya qui étaient du « voyage » ne s'étaient jamais aventurés dans ces lieux avant l'arrivée de l'actuel wali. Quant à l'agglomération Choula, il s'agit de favelas habités par des patriotes armés qui ne demandent que des logements. Des remarques ont été faites à certains artisans qui accaparent des projets sans jamais bien les achever. Sidi Salem, Tazrout et Ighil-Iyère font face aux montagnes de la wilaya de Aïn Defla. Déjà une semaine avant notre visite, un « tango » a été abattu par les éléments de l'ANP un peu plus au sud de Tazrout. La vie est rude dans cette partie de la commune de Larhat. Un cimetière au bord du chemin avec des tombes colorées en vert et blanc rappelle, aux rares passants, que ces montagnes ont jadis été habitées par des familles algériennes. Les enfants doivent faire 6 km pour rejoindre leurs classes. Il n'existe qu'une seule école primaire à Tazrout. Les habitants, visage marqué par la misère et la souffrance, surpris par l'arrivée de l'autorité de wilaya, font part de leurs besoins. Les citoyens d'Ighil Iyère ont même proposé de faire don d'une parcelle de terrain pour la construction de deux classes. Pour acheminer les produits de première nécessité dans ces zones les plus reculées de la wilaya de Tipaza, il faut utiliser des petites camionnettes en raison de l'étroitesse de la route. Des hommes âgés portant leurs fusils en bandoulière, dont certains étaient pieds nus, ont saisi cette opportunité pour parler de leurs difficultés. Il faut être armé d'une patience infinie pour résister aux conditions de vie qui s'imposent quelque part dans cette partie sud-ouest de la wilaya de Tipaza. L'alimentation en eau potable, l'assainissement, la construction des logements ruraux, les établissements scolaires, les centres de santé, l'aménagement des pistes au milieu de ces paysages lunaires, le développement agricole, la création d'emploi et les équipements socioéducatifs sont autant de chapitres qui ont fait l'objet d'une attention particulière par l'autorité de wilaya. Sidi Zoura et Tefssassine, qui se trouvaient dans un état identique en octobre 2004, ont réussi en 8 mois à effectuer des aménagements et ériger des équipements vitaux pour ses habitants. Compte tenu de l'expérience vécue dans ces agglomérations rurales misérables de la commune de Beni Mileuk, celles de la commune de Larhat attendent la concrétisation des promesses faites en ce mois.