Evénement Dans ces localités du bout du monde, recevoir des visites d?officiels ou tout simplement de citoyens d?Alger est un fait si rare que lorsqu?il se produit, il jette l?émotion au sein de la population. Le soleil brûle El-Chara, l?une des localités de Chettia, la plus grande commune de la wilaya de Chlef, région martyrisée par le terrorisme. Les ruelles de la ville débordent de jeunes ou de vieux retraités discutant sur le semblant de trottoir poussiéreux. Notre venue dans cette contrée esseulée est tout de suite remarquée. Une foule de jeunes nous poursuit durant toute la tournée. «Des journalistes sont là ?», crient-ils émus. «Nous avons besoin d?argent.» «Nous voulons du travail.» «Nous voulons des logements décents», s?écrient les plus petits, en accompagnant leurs souhaits de quelques prières. Ici, les gens sont pieux, ils parlent de patience et de bénédiction divine, point de celle de l?Etat ou des autorités locales. «Dieu voit tout et connaît notre misère. Lui seul peut comprendre», disent les vieux et les jeunes, une foi profonde qui les aide à survivre. Même si la population nous accueille chaleureusement sur ses terres. «Les responsables ne savent même pas que nous existons, que notre région figure sur la carte de l?Algérie.» La ville a choisi un candidat, même si la population le nie. Seules les photos de Bouteflika décorent les magasins et les différentes habitations en parpaing. La population ici votera pour un seul homme : celui qui la fera manger à sa faim, celui qui lui donnera des demeures solides et chaleureuses. Même si ces citoyens avouent que la situation sécuritaire s?est stabilisée, la misère les terrorise. «Au prochain président, nous demandons la paix seulement.» La paix a une signification particulière à El-Chara : «Manger, travailler et dormir.»