Bien que la wilaya de Aïn Témouchent ait accompli d'importants progrès en matière d'AEP, particulièrement au profit des populations desservies par l'Algérienne des eaux, cela l'est moins ou pas du tout concernant les agglomérations rurales où la distribution de l'eau relève encore des communes. L'illustration de cette situation en a été donnée cette semaine avec la levée de boucliers des habitants des douars de Zouanif Tahtania contre une décision pour le moins absurde des autorités locales, des autorités qui, en la circonstance, semblent peu ou pas du tout au fait des réalités locales. Dans ces sept douars en la commune d'Oulhaça Gherraba, selon les protestataires, l'eau n'arrive au robinet qu'une fois par semaine à raison d'une plage horaire d'une _ heure. Il a fallu qu'ils manifestent assez bruyamment pour que cessent les travaux d'adduction au profit des habitants d'un douar situé plus loin en bordure de l'embouchure de la Tafna, Rachgoun rive gauche en l'occurrence, cela à partir du château d'eau qui les alimente. « Comment peut-on donner aux habitants de Rachgoun une partie des réserves qui nous approvisionnent si chichement alors que, nous-mêmes, pour faire l'appoint, nous nous approvisionnons chez eux à raison de 400 DA la citerne ? Chacun d'eux possède un puits ! Pourquoi ne pas les faire bénéficier d'un forage puisqu'il y a de l'eau là- bas, si on tient tant à les gâter ? » Curieusement, le secrétaire général de la commune soutient que l'eau à Rachgoun est saumâtre et que le réservoir des Zouanif, « avec ses 150 000 m3, peut desservir 22 000 habitants. » 2 milliards cts d'impayés Lorsque nous l'interrogeons sur la question de savoir s'il s'agit de la capacité théorique du réservoir ou de sa contenance réelle, il persiste en indiquant qu'il n'est pas rare que le réservoir déborde durant l'opération de pompage à partir de la source de Thala. « Mais dans ce cas, comment se fait-il que l'eau n'est distribuée qu'une _ heure de temps ? » A cette question, le SG ne sut que répondre, avançant l'hypothèse d'un dysfonctionnement à propos duquel une enquête est en cours. « Mais comment voulez-vous que les choses aillent alors que nous avons deux milliards de centimes d'impayés par les abonnés à raison de 2 000 DA/an de redevance ? » Lorsqu'on lui rétorque pourquoi ne pas couper l'eau aux mauvais payeurs, il accuse à demi-mot le maire de refuser de passer à l'action pour raison politique. Quant aux Zouanifs, ils s'interrogent sur le niveau de décence qu'auraient des responsables à réclamer un dû pour un service d'une _ heure par semaine, soit 2 heures de plage horaire par mois, soit encore 24 heures d'eau par an. Nonobstant cela, les protestataires s'étonnent qu'on leur reproche l'existence de mauvais payeurs. « Mais qu'on leur coupe l'eau et qu'on ne les utilise pas pour nous discréditer ! » Dans leur pétition, les Zouanifs n'ont pas manqué de dénoncer le chef de daïra qui, selon la lettre transmise au wali, leur a répondu que « l'eau arrivera à Rachgoun coûte que coûte, même si le douar reste sans eau. » A noter que ce n'est pas la première fois que ce commis de l'Etat s'est fourvoyé dans une dérive verbale. Une semaine plus tôt, il a été l'auteur d'un autre impair qui lui a fait commettre une désobligeante remarque à l'endroit de la population d'une commune voisine. C'est grâce à l'intervention d'autorités que des émeutes ont été évitées.