Triste anniversaire. A l'occasion de la première année d'incarcération de Mohamed Benchicou, journaliste et directeur du quotidien Le Matin, la maison de la presse Tahar Djaout a été hier le théâtre du rassemblement d'un certain nombre de journalistes, d'éditeurs de presse et de personnalités nationales. Parmi les présents, on dénombrait Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), Zoubir Souissi, président du Conseil supérieur de l'éthique et de déontologie (CSED), ainsi que des membres de la famille du détenu. Vers 11h 30, la foule, après s'être réunie à l'intérieur de la Maison de la presse, s'est déplacée jusqu'à la rue Hassiba Ben Bouali afin de rendre hommage à Fadila Nedjma et à Adel Zerouk, à proximité des locaux de l'ETUSA. La tension était presque palpable. Certaines personnes présentes paraissaient émues en ce jour symbolique. Jusqu'au retour sur les lieux du rassemblement, les membres du cortège ont lancé des slogans en faveur du détenu, notamment « Libérez Benchicou, enfermez les assassins ». Vers 12h, les discours ont commencé à se succéder. Mohamed Benchicou a pu, de par un discours adressé à ses confrères, exprimer les sentiments qu'il éprouve en ces moments difficiles. « Après une année d'incarcération, je peux vous confirmer que la prison est impuissante à enfermer les esprits libres (...) Vous avez raison (...) de rester au service exclusif de la liberté et des humiliés », a-t-il exprimé. Zoubir Souissi a, pour sa part, appelé à « continuer le combat de liberté d'expression et de liberté de la presse ». La solidarité était sans aucun doute le leitmotiv de ce rassemblement. Le directeur du quotidien L'Expression, Ahmed Fattani, a expliqué que bien que « le chemin soit ardu et long (...) en ces moments difficiles, nous sommes confiants en l'avenir. La presse est un long combat, c'est un long chemin ». Un membre de la direction du MDS s'est exprimé en disant que l'emprisonnement de Benchicou était « une espèce d'épée de Damoclès » et a appelé à plus de mobilisation pour obtenir sa libération. Malgré les discours virulents des intervenants, il y avait comme un sentiment de lassitude parmi les présents. Ce mardi également, de nombreux journalistes jugés pour des cas de diffamation ont été condamnés à des peines de prison ferme. Hasard du calendrier ou triste coïncidence, quoi qu'il en soit, mardi 14 juin 2005 restera dans la mémoire des journalistes. Comme le fut le 14 juin 2004.