Le 14 juin 2006, Mohamed Benchicou retrouve sa liberté. Le directeur de publication du défunt Le Matin quitte la maison d'arrêt d'El Harrach après avoir purgé une peine de deux années de prison. A sa sortie, il trouve une cohorte de confrères, d'amis ou simplement d'admirateurs, pour l'accueillir. Il rallie ensuite la place de la Liberté de la presse, à la rue Hassiba Benbouali, à Alger-Centre. Après avoir déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des journalistes assassinés durant la dernière décennie, Benchicou se dirige vers la maison de la presse Tahar Djaout, où il retrouve les siens dans une ambiance de fête. Journalistes, militants associatifs, avocats, militants des droits de l'homme, animateurs de syndicats autonomes, responsables d'organisations de familles de journalistes assassinés et simples citoyens sont à l'accueil. Dès son arrivée, il se rend dans les locaux de son journal suspendu le 23 juillet 2004, soit un peu plus d'un mois après son incarcération le 14 juin 2004. Benchicou ressort aussitôt et arpente triomphalement la cour de la maison de la presse sous les youyous stridents des femmes et les clameurs des hommes. Il fait ensuite une pause au siège du Conseil national de l'éthique et de la déontologie où se trouvent également les bureaux du comité qui porte bien son nom. Mohamed Benchicou ressort et prend la parole devant une foule compacte : « Je suis ressorti libre et intact. » Les deux années passées en prison ne semblent guère entamer son engagement pour la liberté de la presse et la démocratie. Et sans tarder, le journaliste dira encore : « N'ayez pas peur de leur prison, vous y trouverez des Algériens qui luttent et qui résistent ! ». Benchicou remet, juste après, le prix de La Plume libre à Ali Lmrabet, directeur du journal Demain le Maroc, et Bachir Larabi, correspondant d'El Khabar à Naâma, qui a fait, lui aussi, un mois de prison pour ses écrits. Mohamed Benchicou rend public, la veille de sa sortie de prison, un message qu'il adresse à ses amis, confrères, comités et ONG qui l'ont soutenu durant toute la période de son incarcération. Au lendemain de sa libération, il organise une rencontre avec la presse, où il annonce son projet de livre dans lequel il compte raconter son expérience carcérale et surtout témoigner des « conditions inhumaines » dans lesquelles se trouvent des milliers de prisonniers. Fidèle à sa ligne politique, à sa verve caustique et à son esprit critique, Benchicou reprend l'écriture, non pas dans son journal toujours suspendu, mais dans un autre quotidien, où il anime une chronique hebdomadaire au vitriol envers le régime en place.