La France a du mal avec son histoire récente. De son passé colonial, certains hommes politiques de droite veulent en faire une page de gloire. Et pour eux, les bienfaits de la colonisation passent par la réhabilitation de l'Organisation de l'armée secrète (OAS). Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l'homme (LDH), le MRAP, la Fédération syndicale unitaire (FSU), sont montées au créneau, hier. Elles ont mis en garde contre une réhabilitation insidieuse de l'OAS et du colonialisme français en Algérie. Depuis quelques mois, un mouvement vantant les bienfaits du colonialisme, voire ses côtés positifs pour les indigènes a vu le jour et trouve des relais jusqu'à l'Assemblée. Une loi, datée du 23 février, précise que « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ». Cette loi a été votée en catimini, à l'initiative des députés de droite. Plusieurs lieux portent désormais le nom d'anciens membres de l'OAS. Pour les responsables de ces associations, la prochaine inauguration d'une stèle à la mémoire d'anciens membres de l'OAS et la récente loi concernant les Français rapatriés d'Algérie témoignent de cette entreprise de réhabilitation. Une stèle doit être dévoilée le 6 juillet à Marignane, au sud de la France, sur une parcelle du nouveau cimetière de la ville attribuée par la mairie à l'Association de défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française (Adimad). Pour Jean-Pierre Dubois, « il s'agit d'honorer des crimes fascistes au nom de la République française ». « Que cherchent les pouvoirs publics avec cette loi, avec ce laisser-faire à Marignane ? », s'interroge-t-il. La LDH s'inquiète de l'annonce de nouveaux hommages aux anciens membres de l'OAS célébrés comme des « combattants de l'Algérie française ». « Après un carrefour Raoul Salan à Toulon, après les monuments érigés à Toulon et à Nice, portant l'effigie de Roger Degueldre, chef des commandos Delta de l'OAS, auteurs notamment de l'assassinat des inspecteurs de l'éducation nationale Marchand, Feraoun et leurs compagnons, un nouveau monument est annoncé à Marignane, en juillet 2005 », s'était déjà inquiétée la LDH.