Dans les annales judiciaires de la wilaya, aucun procès comme celui dit de « l'affaire de l'huissier de justice », qui vient d'être soumis à la session criminelle dès son ouverture, le samedi 18 juin, n'aura autant défrayé la chronique locale, alimenté de larges commentaires, tenu en haleine l'opinion locale depuis 6 ans et plongé surtout les familles des principaux détenus parmi les 10 coïnculpés dans l'angoisse, les attentes et les interrogations sur la lourdeur judiciaire ayant entraîné la longue incarcération des accusés. L'affaire dans laquelle est impliqué S. B, officier ministériel, remonte à l'année 2000 où fut prononcée une suspension de fonction suivie d'une mise en détention par le tribunal de Béchar, sous les chefs d'inculpation de détournement de biens publics et privés, abus de confiance, émission de chèques sans provision et usurpation de nom. Les coaccusés qui ont été mis en détention provisoire durant cette période sont poursuivis pour complicité. A l'origine de l'arrestation et la mise en détention du principal accusé, une plainte déposée à son encontre par un marchand de bois en gros d'une entreprise publique à Béchar qui avait gagné un procès intenté à ladite entreprise pour défaut de paiement d'une créance de 240 millions de cts et représentant la quantité de marchandise livrée à celle-ci, a indiqué le fournisseur. Mais par jugement, l'entité économique, sommée de régler sa créance, aurait versé l'argent dû au compte bancaire de l'huissier, lequel n'aurait pas exécuté ses engagements vis-à-vis du fournisseur en bois de l'entreprise publique. Les atermoiements de l'officier ministériel à s'exécuter ont été, selon l'accusation, mis à nu, et la justice saisie par le plaignant est mise en branle par l'ouverture d'une instruction qui avait abouti à son incarcération. Une seconde plainte de l'OPGI de la wilaya de Naâma a été déposée contre l'huissier de justice pour abus de confiance et préjudice financier subi et évalué à la somme de 500 millions de cts, selon une source digne de foi. Les coïnculpés dans cette affaire sont accusés de complicité et auraient endossé des chèques émis par le principal inculpé, en l'occurrence l'officier ministériel. Le jugement de ce retentissant procès a connu, dès l'ouverture de chaque session criminelle depuis de nombreuses années, de multiples reports, le dernier en date le 9 juin 2004. A l'époque, la cour avait estimé, dès l'ouverture du procès, que la présence physique de l'expert financier ayant rendu ses conclusions sur le préjudice financier subi par plusieurs parties et évalué entre 19 et 20 millions de DA, était indispensable pour pouvoir éclairer la cour sur le montant global détourné qui comportait quelques confusions. Mais le report du procès au cours de la session criminelle d'hier au mois de septembre prochain est motivé, selon la cour, par le refus du principal inculpé de voir son procès juger en l'absence de son principal défenseur. Un des avocats des accusés présent à l'audience a déclaré devant la cour que « les principaux inculpés sont en passe de devenir les plus anciens détenus des prisons algériennes. » Ce procès finira-t-il un jour par être jugé et les familles des détenus libérées de leur angoisse ? Les observateurs qui suivent les péripéties de cette affaire n'ont pas manqué de s'interroger sur les causes réelles de multiples reports de ce procès.