Rien de vraiment concret n'a découlé de la rencontre de samedi, à Ramallah, en Cisjordanie occupée, entre la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, et la direction de l'Autorité nationale palestinienne. Elle s'est contentée de demander aux Israéliens de prendre des « mesures substantielles » pour alléger la vie quotidienne des Palestiniens, comme si la question palestinienne ne se résumait qu'à la levée de quelques barrages militaires, tout en exigeant de ces derniers de faire beaucoup plus dans le domaine de la sécurité. A aucun moment elle n'a évoqué l'occupation illégale de la terre palestinienne, qui reste le problème principal du conflit israélo-palestinien. Personne ne l'a entendu parler des droits nationaux du peuple palestinien. Elle s'est contentée de clamer son soutien au plan de Sharon, qui prévoit un retrait de la bande de Ghaza et de quatre colonies isolées dans le nord de la Cisjordanie occupée. De ce côté, elle a souhaité que le retrait, qui devrait débuter à la mi-août, soit coordonné entre les deux parties. Le Président palestinien l'a conforté sur ce point. « Nous sommes décidés à une coordination complète (avec Israël) en vue d'un retrait total et net de la bande de Ghaza et de parties du nord de la Cisjordanie », a-t-il déclaré, sans omettre de rappeler à son hôte que la colonisation demeure la roche sur laquelle se briseront tous les efforts de paix. Mahmoud Abbas a aussi exigé la libération des prisonniers palestiniens qu'Israël détient comme de véritables otages. Hier, à Jérusalem, avant sa rencontre avec Ariel Sharon, la secrétaire d'Etat américaine a estimé que le retrait israélien de la bande de Ghaza et de quatre colonies de Cisjordanie occupée était « une étape historique » capable de ranimer le processus de paix au Proche-Orient. Mme Rice, n'a fait aucune allusion aux caractéristiques du futur Etat palestinien. S'agit-il d'un Etat qui s'étend sur toute la terre de Cisjordanie, de la bande de Ghaza et de la ville sainte d'El Qods, avec une continuité territoriale et une véritable souveraineté, ou bien s'agit-il d'un pseudo-Etat, tel que le souhaite Sharon, morcelé en bantoustans, isolés par le mur de séparation raciste, sur moins de 50% de la Cisjordanie, de la bande de Ghaza et sans El Qods, qu'il considère partie intégrante de l'Etat d'Israël ? Hier une opération militaire, qui survient durant la trêve déclarée par les deux parties à Charm El Cheikh, s'est soldée par la mort d'un résistant. Aucune perte n'a été soulignée du côté israélien. Comme de coutume, en de pareilles circonstances, les forces israéliennes ont tout de suite fermé le barrage militaire d'Abou Holi, situé près de la colonie visée, ce qui a fortement perturbé la circulation entre le nord et le sud de la bande de Ghaza. L'attaque a été revendiquée par les brigades des Martyrs d'El Aqsa du Fatah et le Djihad islamique. Durant cette fermeture, qui a duré pendant plus de trois heures, des centaines de voitures se sont entassées dans les deux sens de la route. Des milliers de citoyens, dont des femmes et des enfants, ont été contraints à vivre ce calvaire sous un soleil de plomb. Jamais depuis le début de l'Intifadha une opération militaire de la résistance n'a autant été critiquée par les citoyens palestiniens, à commencer par ceux qui étaient directement impliqués de par leur présence en cet endroit à ce moment précis. Les militaires israéliens, aidés par des colons armés, ont même tiré en direction de la foule, blessant trois personnes au moins. L'escalade militaire s'est poursuivie hier. Deux militants du Djihad islamique ont tiré des roquettes antichars contre une position militaire israélienne proche de la frontière égyptienne, tuant un soldat israélien et blessant trois autres. Un des attaquants a été tué. Cet incident, qui risque de provoquer la fermeture du point de passage frontalier de Rafah, va amplifier plus encore les souffrances quotidiennes des Palestiniens, car ce point de passage représente la seule ouverture entre la bande de Ghaza et le monde extérieur. En cette période de trêve, beaucoup de Palestiniens désapprouvent de telles actions, qui, selon eux, ne profitent qu'à des agendas particuliers, en totale incohérence avec leurs intérêts nationaux.