Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, est monté, hier, au créneau pour mettre en garde les centres de recherche scientifique contre tout « bricolage et agitation stérile ». Intervenant lors d'une rencontre avec les directeurs des 11 centres nationaux de la recherche scientifique, tenue au siège de son département à Alger, Rachid Harraoubia s'est déclaré « insatisfait, voire déçu » des résultats de certains de ces centres. Je n'ai pas apprécié l'agitation de certains centres de recherche ces deux dernières années. L'agitation ne paye pas », a-t-il lancé à l'adresse des directeurs. Le dernier séminaire organisé par ces centres à l'hôtel El Aurassi n'a pas été au goût du ministre. Et il l'a déclaré : « Le séminaire d'El Aurassi m'est resté sur le cœur. Je ne sais même pas par qui il a été financé. » En s'exprimant ainsi, le premier responsable du secteur de l'enseignement supérieur a rappelé l'enveloppe de 800 milliards de centimes consacrée à la gestion de ces centres, en ajoutant : « Il faut que cette somme se reflète sur le niveau de la recherche. Il s'agit de deniers publics et il faut qu'ils soient bien exploités pour hisser ce niveau en Algérie. Il faut que la recherche retrouve sa place. » Selon lui, le travail et les résultats de ces centres devront donner lieu à des publications. L'originalité était également au centre d'intérêt de Harraoubia qui a exhorté les chercheurs nationaux à suivre, chacun dans son domaine, l'évolution de la recherche sur le plan international. « Un vrai chercheur doit savoir tout ce qui se passe à travers le monde dans son domaine », a-t-il insisté. Toutefois, le ministre estime que la réalité des centres algériens est peu reluisante. « Ce qui se passe dans nos centres, c'est du bricolage », a-t-il affirmé. Après ces critiques, le ministre a évoqué les problèmes rencontrés par ces centres de recherche. Des centres mis en place en 1999. « Nous avons des contraintes qui freinent l'accélération de l'adaptation de nos centres aux critères internationaux », a-t-il souligné. L'absence de directeur de recherche et le manque d'interconnexion entre les universités et les centres de recherche sont, a-t-il indiqué, des problèmes majeurs. Il a mis en exergue la vacance de plusieurs postes budgétaires dégagés du fait de la disponibilité de seulement 13 directeurs. « La structuration des centres de recherche nécessite la création de quatre groupes dans chaque centre. Et chaque groupe doit être composé de 12 chercheurs. C'est ce qui nous a obligés à faire appel aux chercheurs associés », a-t-il expliqué. En revanche, les universités nationales comptent 5000 maîtres de recherche. Rachid Harraoubia a mis l'accent sur l'importance d'une collaboration permanente entre l'université et les différents centres. Répondant aux doléances des chercheurs, l'orateur a voulu les tranquilliser en affirmant : « Les moyens financiers ne manqueront pas. » « Le gouvernement a consacré 1% du produit intérieur brut (PIB) à la recherche scientifique. Jusqu'au 31 décembre 2004, 3,5 milliards de dinars sont déjà débloqués », a-t-il rassuré. Mais la revendication portant sur la mise en place de réseaux pour faire connaître les chercheurs est considérée par le ministre comme « une aberration ». « Le chercheur éminent est connu mondialement par son œuvre », a-t-il estimé.