La prévision d'un baril de pétrole à 60 dollars, formulée par plusieurs analystes il y a quelques mois, semble se confirmer. Les prix du pétrole ont atteint de nouveaux records historiques lundi. A New York, le prix du brut a été coté à 59,52 dollars, à quelques cents du seuil des 60 dollars. A Londres, le brent n'était pas en reste et a atteint, lui aussi, un record historique de 58,58 dollars. Le gain a été substantiel par rapport à vendredi, jour où, à New York, le brut avait clôturé à 58,47 dollars tandis qu'à Londres il avait clôturé à 57,76 dollars le baril. En plus du goulot d'étranglement que constitue le manque de capacités de raffinage, les problèmes qui sont apparus au Nigeria ainsi que la menace d'une grève en Norvège dans le secteur pétrolier ont porté les cours un peu plus haut que durant la journée de vendredi. Même si le marché a amorcé un recul hier mardi après une baisse de la tension sur les approvisionnements au Nigeria, la probabilité d'un recul des stocks américains, dont les chiffres doivent être rendus aujourd'hui mercredi, devrait faire franchir au baril la barre psychologique des 60 dollars. Une éventualité qui est envisagée par plusieurs observateurs du marché du pétrole. Au printemps déjà et au moment où le baril s'était installé au-dessus des 50 dollars, le seuil des 60 dollars avait déjà été évoqué comme envisageable pour la fin de l'année, c'est-à-dire au moment où la demande sera très forte à cause de l'hiver. Mais apparemment, les forces du marché sont en train d'anticiper et elles pourraient faire porter le baril à 60 dollars bien avant l'hiver. Cette conjoncture est marquée par un niveau de l'offre trop proche de la demande pour ne pas susciter d'inquiétudes, des capacités de raffinage qui n'arrivent pas à répondre à la très forte demande, des facteurs géopolitiques assez nombreux et une activité très intense des fonds d'investissements qui ont trouvé dans le pétrole matière à spéculer. Plusieurs anciens dirigeants de l'Opep ont rappelé, à juste titre, que cette situation n'est que le résultat d'une très faible cotation du pétrole dans les années 1990, une cotation qui a entraîné un sous-investissement dans les activités de recherche et d'exploration et par conséquent un manque de capacités qui explique les inquiétudes et les craintes du marché. L'absence d'investissement dans l'activité de raffinage est elle-même due à cette faible cotation du pétrole brut qui a connu une moyenne d'environ 19 dollars le baril durant la décennie 1990. Pour l'Algérie, les prix actuels devraient lui procurer des recettes historiques d'environ 40 milliards de dollars pour l'année 2005, après les 31,5 milliards de 2004. Durant les 5 premiers mois de l'année, la qualité du pétrole brut algérien, le Sahara Blend, a été cotée en moyenne à 48,80 dollars le baril. Le niveau de ces recettes va donner lieu à un excédent commercial historique. Il permettrait aussi bien de mieux gérer la dette et de soutenir la relance.