Le pire a été évité mardi dernier en fin de journée à El Kala. Le déplacement du marché hebdomadaire, du stade scolaire au centre-ville vers la cité FLN sur les hauteurs, a failli tourner au drame, si l'on en croit les jeunes excités qui nous ont abordés et juré de mettre le feu aux véhicules des marchands, forts nombreux, garés toute la journée au soleil le long du boulevard à attendre qu'on leur indique leurs nouveaux emplacements pour le lendemain. En fait, les autorités locales, et on tient à préciser à ce sujet que l'APC s'est mise à l'écart à cause des guéguerres internes qui la paralysent, employaient ce temps à négocier avec différentes parties pour tempérer la réprobation générale et trouver une issue à la crise qui risquait d'embraser la ville. Une situation qui est le revers d'une décision prise sans consultation, comme c'est généralement le cas lorsqu'on cherche à favoriser discrètement une partie au détriment d'une autre. On ne connaît pas les vrais motifs pour lesquels on a décidé de déplacer le souk. On invoque l'encombrement et la saleté qu'il génère dans une partie de la ville élevée au rang de zone touristique. Pour les habitants de la cité FLN, plutôt partagés sur la question quand ils n'y sont pas totalement indifférents, ce sont toutes les « saletés » du souk, faisant allusion par là au comportement grossier des commerçants sous les fenêtres des locataires, qu'on cherche en fait à leur imposer. Mais, font remarquer certains observateurs experts en combines, les travaux pour l'aménagement du nouveau site, implanté sur une bande très convoitée de plusieurs centaines de mètres le long du boulevard, qui ne sont pas gratuits, ne peuvent pas ne pas servir à un quelconque dessein inavoué. Le souk, qui a fini par se tenir à l'endroit habituel pour calmer les esprits, a toujours été un enjeu économique et politique de taille pour la petite ville côtière. Au centre-ville, il favorise les riverains au détriment de la plus grande partie de la population des quartiers populeux sur les hauteurs de la ville soumis le jour du marché à un déplacement contraignant. Le souk est aussi la bête noire des commerçants de la ville qui pestent contre ces marchands venus d'ailleurs et qui mangent leur pain. Le marché hebdomadaire a pris de l'ampleur en quelques années, et il n'est pas rare de rencontrer des Tunisiens qui, franchissant la frontière viennent spécialement pour la journée faire leurs emplettes parce qu'ils y trouvent leur compte.