L'enterrement de Aïssa Dahou, 72 ans, originaire de Madagh, retraité, sauvagement tué à coups de poignard, s'est déroulé dans un climat de consternation totale. Près de 8 000 personnes, toutes originaires de la faction des Ibadites, ont accompagné le défunt à sa dernière demeure. À 16h, le cimetière de la médina était noir de monde. Les terrasses étaient également pleines. Femmes, enfants, vieillards, et même des jeunes mobilisés pour surveiller la cité et protéger les maisons suivaient de loin l'inhumation de ce vieillard tué samedi dernier. La presse était sollicitée de partout. Des dizaines de jeunes étaient munis d'appareils photo et de caméscopes pour immortaliser ce douloureux événement.Les imams, les chouyoukh et les notables ibadites étaient également au rendez-vous. Si à l'intérieur du cimetière aucune présence des services de sécurité n'est à signaler, à l'extérieur en revanche, un cordon sécuritaire impressionnant, près de 2 000 gendarmes et policiers, sans compter les éléments de la Protection civile, a été déployé pour parer à tout dérapage d'autant plus que ledit cimetière est limitrophe aux maisons des Ibadites, mais également des Malékites. Et même si aucune provocation n'a été enregistrée, les services de sécurité ont carrément bouclé les accès à la ville, les grandes artères et les ruelles qui mènent directement au cimetière. De l'autre côté du cimetière, les Malékites, organisés en groupes, suivaient de près l'oraison funèbre prononcée par un imam. L'enterrement terminé, la tension est montée d'un cran. Alors que les sages et autres notables ont pris le court chemin vers leur cité, une marche a été improvisée vers le centre-ville par les jeunes Ibadites. On dénombrait près de 2 000 personnes qui scandaient des slogans hostiles contre l'autre faction. N'était l'intervention des officiers supérieurs de la Gendarmerie nationale présents devant la brigade de Berriane, cette marche aurait tourné au drame d'autant que des groupes de jeunes Malékites étaient excités par ces slogans. Des officiers de la Police nationale ont également joué un rôle prépondérant pour éviter le pire. Alors que les Ibadites chantaient l'hymne national “Qassamen”, les Malékites calmés par la présence du wali, scandaient : “Bouteflika, Bouteflika…” Un moment fort en émotion pour les uns et pour les autres après une journée marquée par une terrible tension, mais surtout une situation fâcheuse que les services de sécurité appréhendaient et qui, fort heureusement, n'a pas dégénéré. F. B.