Circuler à pied au centre-ville de Tizi Ouzou est devenu un véritable calvaire pour nombre de citoyens. Parfois, il est même dangereux -, le mot n'est pas trop fort - de se laisser distraire par autre chose que l'endroit où l'on met ses pieds, tant le risque est grand de trébucher sur les innombrables débris de béton jonchant la chaussée. Pis encore, des trous béants dus à la rupture des dalles couvrant les canalisations des lignes téléphoniques sont disséminés çà et là, guettant le premier imprudent. « Pourtant, ces mêmes plaques de béton ont été posées récemment, donc censées être neuves ! », observe un habitué des lieux. « Qui serait responsable si une femme enceinte ou une personne âgée viendrait à perdre équilibre et tomber dans ces gouffres », tempête-t-il encore. Cet état de fait s'est aggravé depuis l'inauguration des travaux de la trémie du Djurdjura. Les abords du chantier, balisés par des haies métalliques et long de 200 m, sont devenus, au fil des jours de véritables dépotoirs. Réduit à un seul corridor mal sécurisé, le sentier longeant la lisière du chantier est jonché de gravas, de morceaux de pavé, de poussière et autres rebuts laissés sur place par les vendeurs à la sauvette. Ces derniers ne s'embarassent pas de ne laisser aucun espace aux piétons contraints de se bousculer pour pouvoir passer. Il faut slalomer parmi ces amoncellements d'objets hétéroclites pour se frayer un chemin. Plusieurs personnes se sont foulées une cheville le long de cet unique passage reliant la rue Abane Ramdane à la station de taxis mitoyenne du stade du 1er Novembre. Cet arrêt de fourgons fréquenté quotidiennement par des dizaines de milliers de voyageurs croule lui aussi sous des tonnes de détritus. Des eaux aux origines douteuses y ruissellent de temps à autre, le flanc sud de la station frontalier avec le stade est transformé en pissotière publique. Avec une telle affluence, l'on imagine le nombre de sachets, de bouteilles en plastique et de papiers d'emballage laissés sur place le soir venu. Une insalubrité qui gagne même les rives du CHU Mohamed Nadir, dont l'entrée principale donne sur les lieux. « A croire que ça remonte à des années la dernière fois que cet endroit pollué a été nettoyé », observe-t-on parmi les voyageurs, sur place. « Autrefois, c'était l'atmosphère de la ville qui était polluée et irrespirable, à présent même le sol n'a pas échappé à la saleté », note-t-on encore. Ce sont là les signes d'un relâchement culturel et citoyen, car si la ville de Tizi Ouzou est sale et mal accueillante, c'est en raison du laxisme des pouvoirs publics, mais surtout de l'effritement de l'esprit civique.