Au moment où G.W. Bush mettait en place les assises de son empire et ses premières conquêtes, la Kabylie, ce bout de montagne et néanmoins insignifiant sur l'échiquier planétaire, était livrée aux malfrats de tous bords, selon les manchettes des journaux et la rumeur ambiante. Depuis le départ des gendarmes, elle serait devenue la Mecque de la débauche, du délit et du crime. Après les mensonges et le mépris de l'Etat pour le martyre de la Kabylie, les faits divers se sont lancés à l'assaut de la région, devenue, par la force des choses, la citadelle de la démocratie et, partant, de la contestation. L'Amérique s'est mise en branle. Elle s'apprête à donner un coup de pied à l'équilibre du monde. Deux tours sont tombées à New York. Ca a fourni à Bush un prétexte inespéré pour aller botter le cul à tous les basanés de la terre. Surtout à ceux qui sont assis sur le pétrole que le bon Dieu n'a pas donné en quantité suffisante à lui et à ses amis. La guerre d'Irak a estompé celle qui se déroule chez nous. Tant qu'elle durera, nos morts partiront avec leurs pieds glacés, seuls. Ceux qu'on a déjà assassinés, leurs bourreaux, le Printemps noir, les matraques et les balles en caoutchouc, de même que les réelles d'ailleurs… tout ce qui obscurcissait notre quotidien et égayait celui de nos gouvernants sera, le temps d'un massacre collectif annoncé, remis au placard. Notre tendance à nous émouvoir devant le malheur des autres fera le reste. L'Irak souffre en technicolor et en numérique, l'Algérie est sommée par l'actualité de mourir en silence. De dignement vivre sa déliquescence, d'accepter la diffraction et le chaos. La Kabylie, ce territoire où le GSPC a planté son drapeau et ses maquis, prend, paradoxalement, des allures de terre de liberté. On y respire un peu mieux que dans le reste du pays. On y vit un peu mieux sans doute. On y parle surtout. La Kabylie pourtant ne se singularise pas plus que cela du reste du pays. Celui qui s'y promène en acquiert vite la conviction. On n'y égorge pas plus qu'ailleurs. Ses oliviers n'ont pas été remplacés par des champs de chanvre, et ses habitants n'ont pas tous mué en bandits de grands chemins. Ighil Ali Ighil Ali. Ici sont nés des hommes et des femmes qui savaient plonger les doigts dans l'encre. On est à moins de 100 kilomètres de Béjaïa. De la citadinité. On en est déjà si loin... Contrairement aux crêtes défigurées que nos ancêtres avaient façonnées, ce bourg a résisté à la lèpre bétonneuse. Ses murs et ses sentes grimpantes disent encore les rugosités des mains du grand-père. La voix de Taos et le verbe de Jean sont toujours là. Dans ces crevasses qui déchirent la montagne et qui laissent s'échapper des eaux miraculeusement restées pures. La végétation sent bon le souvenir. Il y a là des plantes aux senteurs enivrantes qui ont peuplé nos estomacs de colonisés, de longues années durant. Des bouts de mémoire. C'est tellement bon les murs qui résistent au temps. A l'acharnement de ceux qui jamais ne gravent mais qui excellent dans l'art d'effacer. Ici, les têtes n'ont pas été gommées. Sur les 14 000 habitants qui peuplent cette commune — daïra de 14 villages —, un dixième, soit un peu plus d'un millier ont signé une pétition pour exiger le démantèlement de quelques cahutes où venaient s'encanailler les adeptes du houblon, habitant les crêtes environnantes. Des gens pas trop méchants mais trop “visibles”, comme l'étaient les canettes qui s'amoncelaient sur les bords des chemins. Elles étaient très folkloriques ces cabanes en roseau, mais elles commençaient à devenir, selon l'avis des villageois, un furoncle trop voyant. Quoique à la pointe du combat pour les libertés démocratiques, la Kabylie reste tout de même enfoncée dans son bon vieux puritanisme. Quelques kilomètres en contrebas, pourtant, les berges de La Soummam sont parsemées de cabarets dignes des ports les plus sulfureux du monde. D'hôtels on ne peut mieux tenus mais où l'on ferme les yeux sur les passes et les passades des clients et de leurs amantes de passage... Ighil Ali a retrouvé ses gendarmes, le temps d'une opération de purification. Un responsable de la daïra, qui souhaite garder l'anonymat, et qui nous a reçus nous a déclaré : “C'était trop sale, trop agressif. On s'acheminait tout droit vers une situation incontrôlable. Il fallait mettre un terme à tout cela. La pétition est partie des villages.” En fait, elle a été fortement appuyée par la mosquée du chef-lieu. L'employé de la daïra finit par avouer : “Moi aussi, j'aime bien boire un coup de temps à autre, mais je vais le faire plus bas, en ville, à Akbou par exemple.” Le tango a ainsi hissé Akbou au statut de mégalopole... A part ça, Ighil Ali reste un patelin gentil, où l'on ne comptabilise que quelques rares cambriolages dont le plus grave est celui qui a provoqué la révolte sus-citée. Le matériel volé dans la maison d'un autochtone habitant Alger avait été retrouvé dans les tripots clandestins visés par l'ire populaire. Livrée aux truands de la Kabylie ? Mustapha Mazouzi, une figure du mouvement citoyen, s'emporte : “Cette rumeur qui enfle est encore une manœuvre du pouvoir. Depuis le départ des gendarmes, les archs se sont organisés. La corruption a considérablement baissé. Ici dans la wilaya de Tizi Ouzou, nous avons mis fin au pillage du sable, par exemple. A Tizi Rached, Tizi Ouzou, Ouaguenoune et dans bien d'autres localités, des membres de la CADC ont arrêté des bandits et les ont livrés à la police. Souvenez-vous, lorsque les gendarmes ont été délocalisés de la brigade d'Azzazga, ils ont laissé sur place leurs armes. Peut-être souhaitaient-ils que les émeutiers s'en emparent et s'en servent ? Nous les avons récupérées et restituées aux autorités.” Tizi Rached Les délégués du mouvement citoyen clament qu'il n'y a pas plus de délinquance en Kabylie que dans le reste du territoire national. Ils dénoncent, par contre, la passivité de la police, qui renvoie systématiquement les citoyens — selon leurs dires — vers les archs. “Nous avons très souvent été obligés d'accompagner les victimes pour voir leurs plaintes enregistrées dans les commissariats”, soutient Mazouzi. Lors des multiples émeutes qu'a connues la Kabylie, il est arrivé que des jeunes désarment des policiers. Les délégués ont, dans ce cas aussi, remis les armes aux autorités. Ameur Ahmed, délégué de Tizi Rached, se rappelle : “Il y a peu de temps, un Algérois possédant une villa dans la localité a été pisté par deux voyous depuis Alger. Dès qu'il a ouvert les portes de sa demeure, ils lui ont sauté dessus. Ses cris ont ameuté les voisins. Les deux agresseurs ont été littéralement lynchés avant d'être livrés à la police.” Plus tard, en fait, l'un d'eux décédera. ça aussi, ça s'appelle de la violence... Parlant de Tizi Rached, Ameur Ahmed affirme : “Lorsqu'il y avait les gendarmes, il y avait, en permanence, une centaine de plaintes sur leurs bureaux. Depuis leur départ, la police n'en enregistre même pas 1/10e.” A Tizi Rached, le mouvement citoyen a réuni la population pour débattre du thème de la délinquance. Il a exhorté les différents comités de villages à redoubler de vigilance et à faire la chasse aux brebis galeuses sous peine d'amendes, voire de lynchage. Une unité de la sûreté urbaine est en voie de mise en place à Tizi Rached. Elle a été revendiquée par les comités locaux ! Nourredine, de Beni Douala : “Le pourrissement est orchestré. On doute parfois de l'origine des éléments qui commettent les effractions ou les agressions qui ont lieu en Kabylie.” Dahlal Brahim tient une boucherie à Tizi Rached. Il y a deux mois, on a vidé son magasin. A ce jour, il n'a pas compris comment l'agression dont il a été victime a pu avoir lieu. Il ne sait pas plus qui étaient et d'où venaient ses agresseurs. Il était trois heures du matin lorsqu'un groupe de deux à trois personnes s'est mis à crocheter les cadenas de son local. Réveillés par le bruit, les boulangers qui travaillaient dans le local mitoyen se sont mis à crier. Ils ont fait fuir les malfaiteurs sans pour autant les décourager puisqu'une demi-heure plus tard, ils se pointaient de nouveau avec du renfort et un peu plus de détermination et de matériel. Ils cassent le rideau de la boulangerie et y jettent deux grenades lacrymogènes pendant qu'une partie de l'équipe s'occupe à dévaliser la boucherie mitoyenne. Tout le matériel s'envole. Depuis, on n'a eu aucune nouvelle de ces augustes visiteurs... Face à la boucherie Dahlal, un local du FFS dévasté par les émeutiers à l'occasion des législatives a donné des idées à une bande de malfaiteurs apparemment bien organisés. Un soir, ils se sont introduits dans les ruines de la bâtisse et ils ont tranquillement percé le mur de la boutique voisine. Un magasin de pièces automobiles. Ils l'ont totalement vidé et après avoir chargé leur fourgon, ils sont repartis tout aussi sereinement. Qui étaient ces cambrioleurs ? Le pâtissier qui exerce face au magasin pillé raconte : “Comment savoir ? Ils étaient encagoulés et puissamment armés. Nous avions peur de tenter quoi que ce soit. Nous ne portons même plus plainte. Ici il n'y a plus aucune autorité pour les recevoir. Il faut monter à Larbaâ Nath Irathen et lorsque nous nous y rendons, la police n'a qu'un mot : “Nous sommes fatigués de vous voir...” Pour pallier la défaillance des services de sécurité, les commerçants du centre de Tizi Rached se sont regroupés (à 34) pour payer trois vigiles qui patrouillent chaque nuit. Ils déboursent chacun 400 DA par mois, une broutille qui a permis à chacun d'acheter une relative paix. Taguemount Azzouz, un village de la daïra de Beni Douala où la communauté a de tout temps été sondée. Où on vivait dans la quiétude et où l'harmonie régnait. Massinissa et Matoub sont tombés si près. La douleur et la rage s'y sont installées. La violence y est entrée une nuit par effraction. Deux nonagénaires y sont mortes étouffées. Assassinées pour quelques sous. Au cœur même de la Kabylie, de cette terre rude que les ancêtres ont mis des siècles à domestiquer. Au creux de la communion, là où ont été semés des principes aussi sacrés que le respect et la dignité, l'odieux a été commis. A ce jour, on ne sait pas d'où est venu le coup. En attendant que l'enquête révèle les tenants et aboutissants de cette affaire, le comité local se mure dans le silence mais pas dans l'inaction. Là aussi et après l'effroi, le village s'est réuni et a sommé chaque quartier (Takheroust) de lister ses voyous et de les tenir à l'œil. On envisagerait sans cela de réactiver le “groupe 22”, une équipe de vigiles anonymes qui maintenait la paix et assurait la quiétude du village aux débuts du Printemps noir. Ce groupe n'y allait pas de main morte avec ceux qui enfreignaient les règles de la vie communautaire. Azzefoun Azzefoun. Voici un village qui n'est rien d'autre qu'un régal. Une terre à faire danser la plus morne des rétines. L'iode s'y mêle à l'oxygène pour, dans un coït époustouflant, donner naissance aux rêves les plus fous. Au délire. Azzefoun pourtant se morfond. Quand elle ne se noie pas dans la bière et le lucre, elle perd pied dans le mauvais café ou les sodas aux couleurs incertaines. Elle se flétrit dans le chômage. L'oisiveté stérile. Celle qui génère la déprime. Jamais la poésie. Madjid est un serveur de café au chômage. Il a un seul mot à la bouche : “On s'en fout ! Les vols ont toujours existé. Il n'y en a pas plus qu'au temps où la cote des gendarmes était au plus haut.” Ils sont quatre à s'ennuyer à la terrasse de ce café qui fait face à la “sous-préfecture”. Leur destin pourrait être changé par ceux d'en face. Le chef de daïra n'est pas là. Que leur importe, ils sont là toute l'année. Ils respirent et regardent la mer. L'au-delà qu'ils rêvent d'épouser. Youcef a 25 ans. Il a étudié jusqu'à la terminale. Il n'a jamais travaillé et “jamais tué”, précise-t-il. Interrogé sur les rumeurs qui parlent d'insécurité grandissante en Kabylie, il répond : “L'absence de l'Etat crée l'anarchie, c'est normal. Il y a quelques dérives, mais en Kabylie, les gens sont éduqués. Je suis chômeur, je n'ai rien mais en aucun cas, je n'irai tuer pour de l'argent. Je n'ai pas besoin d'un policier pour savoir que je ne dois pas voler. A mon avis, ce qui arrive est voulu. C'est tout ce que je peux dire.” Les deux copains qui ne parlent pas opinent. Ali, un journalier, qui passe plus son temps à se rouler les pouces qu'à travailler, a ce mot simple. Dur : “Je crois que j‘ai été plus heureux au Service national qu'aujourd'hui. J'y ai mieux vécu. La misère dans laquelle je me débats actuellement ne m'a pas mené vers la rapine. La violence ne nous a jamais traversé l'esprit. Nous n'avons pas été éduqués par l'école algérienne. Ce sont nos parents qui nous ont formés.” Quatre chômeurs paumés sur une côte algérienne. Ils ne se sont pas jetés dans l'opium, ils ont créé une association écologique “Izerkhwinen” (du nom des habitants de la région) qui n'a pas attiré des foules. “Les gens sont désintéressés de notre combat.” La sentence est amère comme l'est le fait de n'avoir jamais vu l'ombre d'une subvention. Nos jeunes désœuvrés ont planté des arbres et nettoyé les plages. Farès Oudjedi nous accompagne à Akfadou. L'ombre de Amirouche est toujours là. Celle de Hattab n'est pas trop loin. Le lieu est mythique. La végétation au lieu d'inviter à la contemplation donne naissance à une incompressible angoisse. On est trop haut. Trop loin du chaos ambiant pour croire à la sérénité qui se dégage des futaies. Pipi dans l'herbe. Un geste qui réveille l'enfance et qui exacerbe des senteurs oubliées. Ici, on a volé une Clio dans laquelle se trouvait une mallette contenant vingt millions de centimes. Sinon RAS, à part des petits chapardages par ci, par là. “A Tapunt, mon village, nous dit Mohand Amokrane, il y a une quinzaine de maisons appartenant aux émigrés. Elles sont toutes équipées. Jamais l'une d'elles n'a été visitée.” Parlant ! Dans la cour de l'école d'Akfadou, des enfants jouent au tennis avec des raquettes en plastique. D'un côté des filles, de l'autre des garçons. L'Algérie d'hier et peut-être celle de demain. Pas celle de la concorde. Restaurant Le berbère à Béjaïa, Dilem venu de Paris enterrer Nourredine Achouri, un ami commun, demande une sardine. Il n'y en a pas au menu. Qu'à cela ne tienne ! le garçon sort et va faire le marché. La bonhomie et le sens de l'accueil de cette ville témoignent d'une culture de la paix. Ici, ce sont les sardines qu'on égorge, pas les bébés. Un mot revient souvent dans la bouche de nos interlocuteurs : “La présence des gendarmes est inutile ici.” Farès Oudjedi ajoute : “Leur présence perturbe. Les conflits qui naissent parfois entre les familles qui peuplent nos quatorze villages se règlent dans le arch. Nous ne les avons jamais sollicités. Ils nous ont, en revanche, apporté une culture négative, celle du “soudoiement.” Ce que nous souhaitons ici, c'est une brigade de pompiers. En région forestière, il est évident que nous sommes plus exposés aux incendies qu'aux guets-apens...” Khellaf, encore un enfant d'Akfadou, insiste : “A l'exception des vingt fonctionnaires de l'APC et de la poignée d'enseignants que compte la commune, personne ne travaille. Voilà la tare, la vraie. L'insécurité supposée est un grossier prétexte pour faire durer ce chômage endémique. La misère. La criminalité n'a pas augmenté depuis le Printemps noir. C'est de l'intox. La situation sociale se dégrade partout dans le pays. Il n'y a pas de vrai tissu associatif. Il n'y a plus d'économie. Nous sommes à ras de terre. La Kabylie ne peut pas échapper à la morosité générale.” Karim est un architecte qui, las de chercher du travail, s'est reconverti en “tenancier” de cybercafé. Il note sans état d'âme : “J'aurais pu devenir délinquant ! Nos villages fonctionnent selon un code de l'honneur. Avec la gendarmerie, l'édifice était en train de se fissurer. Les archs reconstitués, ce n'est pas un retour vers la féodalité mais de grands pas vers la démocratie. Dans cette structure nouvelle, c'est le citoyen de base qui décide.” Akbou Akbou : 24 000 électeurs inscrits, 600 votants le 10 octobre 2002. En décembre 2002, il y a eu un crime passionnel à la sortie d'un lycée. En deux ans de printemps obscur, il y a eu cinq crimes crapuleux motivés par l'argent. L'appât du gain facile. “Est-ce aussi tragique, s'interroge Zahir Benkhellat, un délégué, encore et toujours persécuté. Recherché.” La drogue circule à Akbou. Parfois des dealers s'entretuent. C'est un fait nouveau en Kabylie. C'est aussi le cas dans l'Algérie entière. Zahir Benkhellat s'insurge : “Le mouvement citoyen a procédé à un grand nettoyage. De grands voyous ont été tabassés publiquement au centre-ville d'Akbou. Le jour où a eu lieu le crime passionnel à la sortie du lycée, les enseignants ont appelé à une marche contre la violence. Elle a été appuyée par les autorités locales. Puis dévoyée, transformée en marche revendiquant le retour des gendarmes. Miraculeusement, ils sont réapparus ce jour-là. J'appelle cela de la manipulation.” Zahir en veut pour preuve la sécurisation de la région, le fait que tous les bars restent ouverts et que les gens rentrent chez eux à 2 h du matin sans être inquiétés ou qu'on les retrouve morts dans un fossé. Un citoyen d'El-Kseur a été sauvagement agressé par deux confrères venus de Tizi Ouzou et Béjaïa. Le Constantinois a failli y laisser sa peau. Ce sont les délégués de la CICB qui les ont arrêtés et livrés à la police. Benkhellat s'interroge : “L'insécurité favorise le terrorisme. Alors qu'on m'explique : si nous vivons dans une région livrée à la mafia, pourquoi ne nous a-t-on jamais signalé d'incursion du GSPC ou du GIA dans nos villages ?” Mouloud, un professeur d'éducation physique de Tizi Ouzou, aura ce mot pour expliquer l'agitation que suscite une supposée Kabylie chaotique : “Les gens qui veulent sournoisement faire passer cette idée ont tout simplement peur de la dynamique citoyenne née du Printemps noir. Une dynamique porteuse d'espoir. Pas d'anarchie.” Alger, Oran, Annaba, Tiaret, Bel Abbès, Constantine..., toutes les grandes villes du pays sont livrées, depuis des années, aux malfrats de tous genres. Sur le parvis de la Grande-Poste, au cœur de la capitale et en plein jour, des centaines de citoyens ont eu à faire connaissance avec “l'yabssa” (la dure), une prise appliquée à la gorge et qui fait perdre, pendant quelques instants, connaissance à la victime de cette agression. Cela se passe presque toujours à un jet de pierre d'une patrouille de police. Les plaintes qui s'ensuivent aboutissent dans tous les cas à un pet. Rien. La violence qui semble s'être installée en Kabylie a des racines tentaculaires. Elle est partout. C'est devenu une culture, une réponse à la violence de l'Etat. Un rejeton de son inaction. De sa démission. Ce n'est pas la Kabylie qui est en péril. C'est l'Algérie. M. O.